Impression de déjà vue Assis sur une chaise, Edwin attendait aussi patiemment qu'il le pouvait. Son père s'en était allé de la pièce, mais le fils savait bien qu'il n'allait pas tarder. A vrai dire, il se doutait également qu'il était parti à la recherche de Calvin, pour le ramener dans son bureau, se trouvant à nouveau dans les cachots. Son ancien bureau, celui qu'il possédait déjà lorsque les faux-jumeaux entraient dans leur première année à Poudlard.
Si le sable s'échappait vite du côté supérieur du sablier, Edwin aurait fait n'importe quoi pour être en mesure de ralentir le temps. Il n'était pas venu jusque-là de son propre chef et lui non plus. Lui étant Calvin qui venait d'être entré de force, et par l'oreille, dans la petite pièce lugubre. Son frère mit un certain temps avant de le remarquer ou au moins de lui porter un certain intérêt au point de lui adresser quelques mots.
"Non moi j'ai capitulé dés que je l'ai vu débarquer à l'autre bout du couloir."
En effet, depuis leur retour à Poudlard, Edwin s'était fait plus discret que possible. Il allait même jusqu'à se planquer parfois, quand il entendait la voix de son père ou qu'il l'apercevait. Une fois encore, il s'est dépêché de sortir du château, pour lui filer entre les doigts. C'était assez simple, sachant qu'il n'est plus scolarisé à Serpentard et que sa salle commune ne se trouve plus dans les cachots de l'école. Pourtant, comme les plus sages peuvent le dire, toutes les meilleures choses ont une fin. En l'occurrence, c'était ce jour qui allait marquer la fin de la fuite des deux frères Rogue. Un jeu du chat et de la souris, qui a quand même duré quelques jours. Edwin ne se serait pas douté un seul instant, qu'il aurait eu ce petit temps de répit, persuadé que Severus allait leur tomber dessus bien avant. A moins qu'il faisait de son mieux pour se calmer avant de secouer ses deux rejetons.
Il faut dire que de toutes les conneries qu'ils ont pu faire, cette fois, ils avaient mis la barre bien haute. Non que rejoindre les Dissidents étaient une bêtise en soi, c'était plutôt de faire partie de l'assaut de Poudlard qui en avait été une. Ils auraient mieux fait de rester en retrait, afin de garder leurs couvertures secrètes et ainsi, de ne pas se faire entreprendre par le paternel.
Mais avant que Calvin l'ouvre à nouveau et risque de mettre le Directeur de Serpentard encore plus en colère, qu'il ne l'était déjà, Edwin tenta d'arrondir les angles à sa façon.
"Je sais que tu es en colère. Et tu as parfaitement bien le droit d'y être vu ce que tu t'aies pris, mais Poudlard est libre. L'école est libérée des Mangemorts et d'Hikkins. Dumbledore est de retour. Tu ne peux pas dire que l'assaut des Dissidents ait été une mauvaise chose. Comme nous, c'est tout ce que tu désirais, ou je me trompe ?"
Il y avait sûrement une belle grande part de vérité dans ses propos. Après tout, Severus n'a jamais été un véritable Mangemort et il n'appréciait pas du tout Hikkins. Voilà donc deux problèmes d'écartés. A la rigueur, il pourrait leur en vouloir pour s'être retrouvé assommé. Mais quelle idée aussi, il a eut de vouloir attaquer Gellert Grindelwald !
Est-ce le calme avant la tempête ? Peut-être seulement le besoin de réfléchir, de peser le pour et le contre. Mais Severus n'avait pas cherché à entreprendre de suite, ses chers enfants. Plus précisément ses chers fils. Poudlard était enfin libéré d'une emprise qui aura duré des années. Car avant la dictature des Mangemorts, il avait été dirigé par Hikkins, l'ambiance n'y était pas plus joyeuse à cette époque. Mais tout était redevenu normal pratiquement. Quelque chose que les gens espéraient, à l'intérieur comme les parents d'élève à l'extérieur. Un doux rêve qu'il n'était alors plus possible d'atteindre. La sécurité de Poudlard. Un seul homme a été capable d'allier la bonne humeur, la sensation d'une seconde maison, à la défense presque sans faille de l'école. Albus Dumbledore est de retour et Severus Rogue n'est pas mécontent. La pression est redescendue d'un seul coup, depuis que le véritable Directeur a repris ses fonctions. Mais ce n'est pas sans mal. Les Dissidents, avec à leur tête un autre très réputé et puissant Mage Noir, ont massacré des Mangemorts, pour libérer l'école. Qu'importe, il n'y a pas de guerre sans perte et ici-même, dans le cas de cette attaque, les pertes n'étaient qu'insignifiantes. Des Mages Noirs qui s'en prenaient à des enfants, méritaient-ils autre traitement ? Point de vue Severus : non, point de vue Albus : sans aucun doute, qu'il dirait oui.
Si tout était redevenu comme quelques années en arrière, avec même d'anciens élèves de retour sur les bancs de l'école, grâce à l'université accueillie en ces murs, il restait un point d'ombre. Et pas un petit. Lors de l'attaque de Poudlard, les Dissidents comptaient dans leurs rangs, Edwin et Calvin. Ses propres fils. Severus ne leur en veut pas d'avoir participé à la libération de l'école. C'est plus profond que les simples apparences. Il a toujours voulu que ses enfants restent en dehors de la guerre, comme n'importe quel parent le souhaiterait. Il les a écarté au mieux des Mangemorts, retardant toujours l'échéance, pour les convier à venir prendre la marque des ténèbres. Jusqu'ici, les aînés ayant vingt ans, si leurs corps sont couverts de marques, il ne s'agit là que de tatouages, mais en aucun cas d'une trace montrant leur adhérence aux groupes du Seigneur des Ténèbres. Mais là, ils se sont tous les deux condamnés.
Voilà des mois qu'il ne les avait plus vue et qu'il était resté sans nouvelle d'eux. Les seules qu'il avait eu, venaient d'Alicia, le jour où elle lui a rendu visite pour lui annoncer que le mur d'Azkaban avait été détruit et que Edwin en avait profité pour s'enfuir. Il a aussi appris, que quelques jours plus tard, le manoir des Malefoy avait été attaqué par ses fils et Riley, une ancienne des Mangemorts. La raison fut noble, récupérer le nourrisson du cadet. Et à leur place, Severus aurait agi de la même façon. Cependant, leur adhésion aux Dissidents était-elle nécessaire ? Voyaient-ils réellement en Gellert Grindelwald quelqu'un de meilleur que Tom Jedusor ? Les deux mages doivent se haïr, mais pourtant, ils se ressemblent tant. Semer la destruction, la peur et la mort, les amuse.
Depuis le retour de Dumbledore, Rogue avait mis quelques jours avant de décider qu'il devait s'entretenir avec ses fils. Il lui fallait bien ce laps de temps, pour que son envie de les étriper, le quitte. Le premier qu'il croisa, fut Edwin, l'aîné de ses enfants. Son garçon ne chercha pas à s'enfuir et le père n'eut pas besoin de parler pour que le gamin comprenne qu'il devait le suivre jusque dans son bureau. De là, Severus lui avait intimé l'ordre de ne pas en sortir, le temps qu'il mette la main sur son frère. Chose déjà plus difficile, puisque Calvin le fuyait comme la peste. Le temps qu'il mit à le traquer dans quasiment tout le château, commençait sérieusement à faire renaître la colère qu'il avait contre eux deux. Alors quand le moment fut opportun, il surprit le second né du duo de jumeaux et pour l'empêcher de s'enfuir à nouveau, il le choppa par l'oreille, l'entraînant à sa suite. Bien entendu, ce nigaud ne pouvait s'empêcher de la ramener, alors qu'il se trouvait dans une très mauvaise position.
« Si le restant de ton corps veut suivre, il est le bienvenu. »
Traduction, si tu veux perdre ton oreille continue d'essayer de te défaire de son emprise. Severus le traîna de cette façon jusque dans son bureau, le poussant à l'intérieur, une fois qu'il l'eut relâché. Peut-être plus énervé qu'il voulait le faire paraître, il claqua plus fort qu'il ne l'aurait souhaité, la lourde porte derrière lui. N'y prêtant que guère attention à ce détail, le Directeur de Serpentard s'avança vers ses deux enfants. Cependant, coupé dans son élan, il s'arrêta net de marcher, portant d'un seul coup toute son attention sur Calvin qui lui demandait s'il allait les cogner. A-t-il déjà seulement levé la main sur eux ? A moins qu'il soit pris d'une soudaine amnésie, ce n'est jamais arrivé. Certes, il a traîné le cadet des jumeaux par l'oreille à l'instant ou il l'a déjà collé au mur par le passé, parce que cet idiot ne l'écoutait pas et cherchait à se barrer. Mais jamais, il n'a levé la main sur eux, ou encore sur leur sœur. Il s'est toujours juré de ne pas reproduire l'enfance qu'il a lui-même subi. Et jusqu'alors, ses fils allant sur leurs vingts ans, il n'a jamais failli à sa promesse. Cependant, en-dehors de sa propre conscience, il n'y a que peu de monde au courant qu'il s'est, un jour, fait une telle promesse. Ses fils n'en faisant pas partie. Alors pourquoi ne pas en jouer ?
« Ne me tente pas. »
Severus ne l'aurait pas fait de toute façon, mais de cela, Calvin et Edwin n'en savent rien. Et ce dernier prenait à son tour la parole, de façon un peu plus intelligente que son frère. Le père désigna un siège au cadet, pour qu'il s'y installe et il avait plutôt intérêt à le faire.
Plissant un instant les yeux aux premiers mots d'Edwin, peut-être bien qu'il allait revenir sur sa promesse d'autrefois, s'il s'aventurait sur la pente glissante qu'il semblait vouloir prendre. Mais le garçon, très intelligent, rebondissait très vite sur la suite, qui stoppa net Severus dans son envie naissante de l'étrangler.
« C'est tout ce que tout le monde désirait, bien sûr. Mais jamais je n'ai voulu que vous vous mêliez de cette histoire. J'ai toujours fait mon maximum pour que vous restiez en dehors de tout cela. J'ai retardé l'échéance au plus tard, pour votre adhésion chez les Mangemorts, alors que des gamins plus jeunes que vous, portent déjà la marque. Et au lieu de rester tranquille, vous vous liez à Grindelwald ! C'était déjà complètement idiot de rejoindre l'Inquisition et toi l'Anarchie, qui est à l'origine de tout ce bordel, mais là vous mettez la barre très haute tous les deux. »
Severus est connu pour ne jamais montrer ce qu'il ressent, mais quand bien même son ton restait identique à la normale, il appuyait sur certaines de ses paroles, pour leur faire comprendre qu'ils ont merdé.