Kate était passée dans la maison écossaise que les maraudeurs partageaient en ces temps de crise où il devenait dangereux de rentrer en Angleterre, mais Sirius n’était pas là. Peter lui avait dit qu’il devait se trouver à Poudlard en compagnie de Remus aujourd’hui. Alors la blonde avait transplané jusqu’à Pré-au-Lard puis continué le chemin à pied pour rejoindre le château. Elle savait qu’elle pourrait y entrer sans problèmes, car elle faisait partie des Résistants actifs que Dumbledore connaissait bien. Depuis que la Résistance avait repris l’Ecosse, elle travaillait à assurer la sécurité du territoire en compagnie d’autres personnes dont le fils de Remus par exemple et d’autres anciens aurors qui avaient fui le Ministère le jour où Voldemort en avait pris le pouvoir.
Kate devait l’avouer, travailler à la tête du Département des Mystères lui manquait, mais assurer des missions concrètes et se battre pour ses idéaux était galvanisant. Cela lui permettait de s’occuper, aussi. Car elle se retrouvait seule, alors que Sirius fuyait ses propres démons, que Sarah étudiait à l’université et qu’Alexander disparaissait personne ne savait où. Quoique… Des rumeurs couraient que le fils Black était de retour au pays, et plus précisément encore, sur les bancs de l’Université. Et donc dans ce château qui, devant Kate, se dressait de toute sa hauteur et semblait transpercer le ciel. Alors qu’elle marchait dans sa direction, elle ne pouvait s’empêcher d’y penser avec un pincement au cœur. Etait-ce vrai ? Alexander était-il de retour ? Ou bien restait-il aux abonnés absents ? Pire, peut-être qu’il lui était tout bonnement arrivé quelque chose quelque part et que personne ne le savait. Elle pensait à lui tous les jours, même si la situation était compliquée. L’acte qu’il avait commis était tout bonnement inqualifiable. Mais il restait tout de même son fils.
Kate n’était pas là pour Alexander, même si elle avait les rumeurs en tête et qu’elle ne pourrait probablement pas s’empêcher de jeter des coups d’œil à chaque détour de couloir. Non, elle était là dans l’intention de voir Sirius. Il y avait quelque chose d’étrange à venir le retrouver comme s’ils avaient été encore des ados, à étudier ici, et non chez eux comme un couple marié normal. Il faut dire qu’ils s’étaient retrouvés obligés à déserter leur maison de Grodric’s Hollow, comme les autres, car le territoire anglais devenait trop dangereux avec les mangemorts qui avaient pris le pouvoir. Mais il y avait aussi le fait que Sirius fuyait tout ça, se ressourçant auprès de ses meilleurs amis et tentant probablement de fuir les démons qui devaient lui coller à la peau depuis qu’il avait été un Cavalier de la Mort. Kate le savait et comprenait son mari mais en parallèle, elle ne pouvait pas s’empêcher de lui en vouloir, comme s’il avait choisi les autres plutôt qu’elle. Oui, elle avait tendance à oublier l’épisode du papier du divorce. Ils s’étaient engueulés, encore une fois, ce qui avait probablement contribué au fait que Sirius s’éloignait. Il avait sûrement besoin d’autre chose que ça, c’était sûr.
Kate en avait bien conscience, tout comme elle avait conscience de son propre caractère de merde. Et puis surtout, Sirius lui manquait. Alors aujourd’hui, elle venait dans l’intention de bien faire les choses. Elle ne voulait pas se disputer avec son mari ni l’accuser de quoi que ce soit. Si elle s’était battue aux côtés des autres maraudeurs pour le libérer de l’emprise de l’artefact, ce n’était pas pour rien. Elle ne pouvait pas vivre sans lui. Elle avait juste tendance à l’oublier. Et puis la vie faisait en sorte de vous le rappeler.
Elle passa les lourdes portes d’entrée et traversa le hall. Poudlard réveillait toujours chez elle un brin de nostalgie. Comme pour tout le monde, sûrement. Elle ne savait pas où pouvaient se trouver Sirius ou Remus exactement, alors elle décida de se rendre au bureau de Dumbledore pour lui demander directement. Du moins s’il était là, car en tant que meneur de la Résistance, autant dire qu’Albus ne devait pas dormir beaucoup. Euh, d’ailleurs, est-ce qu’il dormait seulement cet homme ? Prise d’une sérieuse interrogation existentielle, Kate ne fit pas attention en rejoignant les escaliers et bouscula un jeune qui les descendait en compagnie de ses amis. Fidèle à elle-même, incapable de se croire en tort, elle aboya sur les élèves en leur disant de faire attention. Ils bafouillèrent un « pardon madame » et continuèrent leur chemin d’un pas plus pressé. Bon sang, il faudrait qu’elle apprenne à être un peu plus sympa quand même.
C’est en arrivant dans le couloir qui menait au bureau d’Albus que Kate vit Sirius. Le hasard faisait bien les choses. Il était à l’autre bout du couloir et arrivait dans sa direction. Du moins ne fut-ce le cas que pendant une seconde, car il fit aussitôt demi-tour. Kate en fut offusquée. Non mais il se foutait de sa gueule ?
« Je rêve ou tu fais demi-tour comme un élève fuirait en voyant Severus Roguer arriver ?! »
Outrée, elle avait gueulé dans le couloir. En même temps, si elle avait été professeur, peut-être bien que les élèves auraient été du genre à la fuir comme ils devaient fuir Rogue, professeur réputé pour être le plus craint de l’école depuis très longtemps. Bien sûr, elle ne pensa pas une seule seconde au fait que Sirius n’ait pu tout simplement pas la voir, et qu’il avait quelque chose à faire en sens inverse. Elle y songea seulement après coup et se rappela aussi du fait qu’elle était venue ici dans l’intention de le voir sans l’engueuler une seule fois. Oups…
Qu’il ait vraiment voulu la fuir comme on fuit un dragon ou non, maintenant, il l’avait bel et bien remarquée. Elle le rejoignit au bout du couloir, l’air légèrement contrit.
« Désolée. Je ne suis pas venue ici pour te faire une scène. »
Enfin, sauf s’il lui avouait qu’il avait effectivement essayé de se barrer ou qu’il se laissait aller à lui trouver un quelconque point commun avec Severus Rogue – elle avait encore du mal à comprendre comment Alicia pouvait rester mariée avec lui, mais bon.
Elle l’observa, notant comme chaque fois ces traits fatigués sur le visage et cette ombre qu’il avait aussi dans le regard, et qu’on ne remarquait que si on le connaissait bien. Il avait vécu l’enfer, c’était sûr, même s’il n’avait absolument rien raconté de ce qui avait pu se passer. Kate ne pouvait pas se permettre de le forcer à parler, même si elle était frustrée à l’idée de ne pas savoir comment l’aider. Elle s’inquiétait pour lui, aussi bien quand elle le voyait que lorsqu’ils étaient loin l’un de l’autre.
« C’est Peter qui m’a dit que tu étais ici avec Remus. Elle s’interrompit une seconde, ne sachant trop comment le demander. Est-ce que ça va ? »
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Lun 5 Mar - 19:56
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