Les vacances de la Toussaint terminées, les élèves avaient repris le chemin de l'école, pour ceux qui étaient rentrés chez eux. Sören pouvait-il dire qu'il avait été chez lui ? C'était la villa de sa sœur. Il s'agit d'un héritage familial, mais tout le monde l'ayant pensé mort, sa part n'existait plus. Même s'il sait que Solweig ne sera pas du genre à tout garder pour elle et qu'elle lui donnera ce qui est à lui, lorsqu'il aura atteint un âge un peu plus responsable. Il avait vaguement croisé son oncle durant les quinze jours de congés. Mais, ils n'ont jamais réellement été proches par le passé. Contrairement à sa sœur aînée, Sören et Snejana ont surtout grandi chez leurs grands-parents. Leurs grands-parents aujourd'hui décédés et c'est ce que le jeune Sorcier avait appris quelques jours avant de reprendre le Poudlard Express. Tout ça lui faisait bizarre. Ils étaient morts depuis un peu plus d'un an maintenant et il ne l'avait pas su avant. Il n'avait même pas eu l'occasion de se rendre à leurs funérailles. Bien qu'il n'ait absolument rien montré en apparence, à l'intérieur il était blessé. Mais blindé comme il est devenu, avec le temps, Sören ne laisse rien paraître du tout. C'est une faiblesse que de montrer ses sentiments. N'est-ce pas là ce que William n'a eu de cesse de lui répéter durant ces deux dernières années ?
Mais en revenant à Poudlard, la veille de la reprise des études, Sören se sentait un peu perdu. Il avait eu besoin de prendre l'air en cette soirée très fraîche du mois de Novembre. Le jeune Serpentard se rendait maintenant mieux compte que la vie pouvait s'arrêter en un claquement de doigts et que le malheur ne touchait pas seulement les autres. Il est vrai qu'une tragédie s'était déjà abattue sur sa famille, quelques années auparavant, mais il était encore trop jeune pour se souvenir de sa défunte mère. Les images sont floues dans sa tête et il ne se souvient plus non plus, du son de sa voix. Par contre, même si ses souvenirs ont été effacés, il a rencontré son père en début du mois d'Octobre. S'il en veut énormément à cet homme pour absolument tout, même pour des choses dont il n'est pas responsable, Sören se rend compte qu'il est son dernier parent. En-dehors de ses sœurs, il n'a personne d'autre qui soit réellement du même sang que lui. Aussi, il s'en veut un peu de ne pas lui avoir laissé la moindre chance de s'expliquer et encore moins le bénéfice du doute. Il aurait dû faire un effort pour laisser un semblant de conversation naître et non se braquer brutalement comme il l'a fait. Mais depuis, le garçon n'a pas eu de nouvelle de son père et c'est tout à fait compréhensible. Avec un tel accueil, qui voudrait garder contact ?
Les mains plongées dans ses poches, il traînait dans le parc du château sans réellement savoir quoi faire, ni où se poser, jusqu'à ce qu'il remarque la présence d'un autre élève. Il s'agissait de John Lupin, un Gryffondor de septième année. Tout pourrait porter à croire qu'ils se détestent, mais jusque là, le fils Levinson n'a jamais eu à en découdre avec le fils Lupin. Ils se croisaient sans vraiment se calculer, jusqu'à ce mois d'Octobre passé quand un élève de Serpentard a laissé sous-entendre que John se droguait. C'est tout de suite devenu plus tentant de l'approcher. Et ce soir-là, c'est ce que Sören fit. Quelques gallions de moins en poche, le jeune homme possédait maintenant des substances douteuses et très certainement illicites. Pour les consommer, ne voulant pas se trimballer la même réputation que le Gryffondor, Levinson s'en était allé dans la forêt interdite. Il n'était pas loin, juste à la lisière, de façon à ce que le garde-chasse ne puisse pas le voir. Fumant discrètement, dans un premier temps, il ne ressentait rien. Ce n'est qu'à la fin de son joint, que les choses commençaient à bouger tout autour de lui. Sören se sentait vraiment bizarre. Ce n'était pas la première fois qu'il consommait des drogues en tout genre, mais là, il devait avouer qu'il ne se sentait pas bien du tout. La nausée, l'impression qu'il était sur le point de s'évanouir. Plus il avançait et plus il s'égarait dans cette gigantesque forêt. Il faisait bien noir, la nuit tombant de plus en plus tôt sur ce coin du monde. Le regard perdu, en quelques minutes, il lui était impossible de retrouver son chemin. Toute personne saine d'esprit commencerait à paniquer, mais le sien étant embrumé par la drogue, Sören n'avait même pas cette réaction, presque vitale, dans les situations les plus extrêmes. Cependant, n'ayant pas conscience du danger que ça représentait de se promener dans cette forêt, le garçon s'enfonçait de plus en plus en son cœur. En parallèle, il se sentait aussi de plus en plus mal. Tellement, qu'au bout d'une petite heure, alors que les effets auraient déjà dû commencer à s'estomper, il fut obligé de faire une pause, en se maintenant contre le tronc d'un arbre. L'arrière de sa tête reposant contre ce dernier, le gosse tourna de l’œil, au point de finir par s'écrouler d'un seul coup par terre. Inconscient durant un instant, il était incapable de savoir ce qu'il pouvait se passer autour de lui.
Durant les vacances d'Halloween, le château s'était habillé d'orange et de noir. Des citrouilles, aux visages sculptés, volaient un peu partout, allumées par une bougie en leur centre. Certaines étaient ensorcelées afin de pouvoir parler et les fantômes de l'école s'en donnaient un cœur joie. Beaucoup d'élèves étaient restés sur place, surtout ceux vivant en Angleterre, là où la domination des Mangemorts s'étend davantage. Rodolphus était enfermé dans ce château et commençait sérieusement à s'ennuyer, mais il ne comptait pas servir de nounou pour les gosses en congés. Restant enfermé dans son appartement, la plupart du temps, il ne sortait que pour se remplir l'estomac, faisant quelques apparitions ici et là. Mais le dernier dîner marquait le retour des vacances et donc de tous les élèves de l'école, ainsi que des étudiants pour ceux n'étant pas en stage. Le Lieutenant des Mangemorts comptait bien disparaître au plus vite chez lui, mais son regard s'était arrêté sur le visage du fils de Bryan. Le plus jeune de ses garçons. Attablé à la table des verts et argents, où son père se trouvait exactement à la même place, quelques décennies plus tôt, Sören avait un air étrange. Il semblait détaché de tout, y compris des conversations autour de lui. Mais le gamin étant le filleul de Rabastan, Rodolphus se contenta de lui mettre un coup de coude pour lui montrer la direction du gosse. Sans plus tarder, il était ensuite rentré dans son appartement.
Restant durant de longues heures assis sur le bord de sa fenêtre, la nuit ne tardait maintenant plus à s'installer sur l'Ecosse. Les beaux jours se faisaient rares à présent, laissant doucement l'automne revenir sur le devant de la scène. Bientôt l'hiver lui succédera trop vite. Comme tous les ans. Rien n'avait réellement changé à Poudlard depuis qu'il avait terminé sa scolarité. Il ne ressentait aucune nostalgie, si ce n'est celle de ne pas avoir son meilleur ami auprès de lui. Mais en songeant à Bryan, c'est une silhouette ressemblant fort à celle de ce dernier lorsqu'il était encore élève à Serpentard, qui attira une nouvelle fois le regard de Rodolphus. Tout en bas, bien des mètres les séparaient et pourtant, il avait remarqué le gamin de Levinson qui discutait avec le fils Lupin. De là où il se trouvait, il ne pourrait pas vraiment dire ce qu'ils s'étaient échangés, mais vu comment ils se séparaient aussitôt, le Mangemort serait prêt à mettre sa baguette à couper, qu'il s'agissait de quelque chose de pas très légal. Il n'est, lui-même, pas bien à cheval sur les règles et si c'était n'importe quel autre adolescent, il s'en ficherait totalement. Mais là, il s'agissait du gosse de son meilleur ami, il ne pouvait pas se permettre de le laisser se mettre en danger tout seul, comme un idiot.
Rodolphus s'empara d'un parchemin, pour avertir Bryan que son fils était en train de s'engouffrer dans les problèmes, tout en se dirigeant vers la forêt interdite. Ne pouvant envoyer un hibou en montant jusqu'à la volière, Anton lui avait néanmoins confié le sien dans son appartement. Il n'avait juste qu'à ouvrir la porte de la cage, ainsi que sa fenêtre, pour que l'animal parte livrer son courrier. Pour le moment, ça marchait plutôt bien, puisque Dumbledore n'avait encore rien remarqué, mais Rodolphus savait que tôt ou tard, il se ferait griller. Toutes les bonnes choses ont toujours une fin.
N'ayant plus le gamin dans son champ de vision, le Mangemort décida qu'il était temps d'aller voir ce qu'il se tramait, au moins pour sauver son cul tant qu'il reste dans la partie de la forêt interdite appartenant à Poudlard. Avec ce satané sort en place, il ne pourra plus rien faire, si Sören dépasse la limite. C'est un peu pour cette raison, qu'il a décidé de prévenir Bryan. Juste au cas où. Quittant à son tour l'immense château, Rodolphus avait enfilé son blouson en cuir et glissait ses mains dans les poches pour ne pas geler sur place, tout en prenant la même direction que le gosse quelques instants plus tôt. Le gamin ne se trouvait déjà plus à la lisère de la forêt. Le professeur de Duel s'engouffra entre les arbres, s'enfonçant dans l'obscurité et sortant sa baguette pour éclairer devant lui. Il chercha le petit Serpentard pendant de trop bien longues minutes, avant de tomber sur un joint au sol, dont la fumée s'échappait encore. Fléchissant les genoux, il l'attrapa et l'observa un peu. Il s'agissait là d'une drogue Moldue, puisque les sorciers utilisent rarement ce genre de choses. Pour conserver une preuve, il garda le joint, qu'il prit soin d'éteindre, avec lui. Reprenant son chemin, Rodolphus ne savait pas trop où se trouvait la limite, n'ayant encore jamais été jusque là. Mais il l'apprit relativement vite à ses dépends, alors qu'il fut propulsé violemment en arrière, tombant au sol sur le dos. Quelques secondes furent nécessaires pour qu'il reprenne ses esprits et se redresse légèrement sur l'un de ses coudes. Au même moment, son regard capta une masse gisant au sol, un peu plus loin et par chance, de son côté de la limite impossible à franchir pour les porteurs de la Marque des Ténèbres.
Le décor semblait bouger tout autour de lui. Sören ne se sentait vraiment pas bien, c'était différent des autres fois. Sûrement qu'il en avait pris de trop, au point de se sentir tellement bizarre, qu'il dût s'asseoir, dos posé contre le gigantesque tronc d'un arbre. Mais ce n'était pas la meilleure idée qu'il n'ait eu, parce que sa tête lui tournant, il finit par tomber. Quant au reste, il n'était pas en mesure de dire ce qu'il se passait. Il ne remarqua même pas qu'on le déplaçait. C'est bien plus tard, qu'une douleur à l'estomac l'extirpa de l'inconscience. Tout bougeait à nouveau autour de lui, mais il remarqua plus ou moins rapidement, que quelqu'un le portait sur son épaule, d'où les douleurs provoquées par les secousses. Un gémissement lui échappa, il peinait à garder les yeux ouverts, mais l'homme qui le portait, dût être alerté. Peut-être bien qu'il craignait que l'adolescent lui vomisse dessus, puisqu'il le reposa contre un autre arbre. Enfin, Sören n'était pas en mesure de réfléchir trop loin et il ne se doutait pas qu'il s'agissait de Rodolphus Lestrange, qui avait prévenu Bryan de l'état dans lequel le gosse se trouvait.
Regardant tout autour de lui, les moindres formes se tordaient comme dans les films d'horreur. Le moindre bruit semblait beaucoup plus fort et Sören sursauta à plusieurs reprises, pris dans un très très mauvais trip. Il ne saurait dire combien de personne se trouvait autour de lui. Peut-être même qu'il était tout seul depuis le départ, et qu'il avait seulement imaginé ce déplacement. Il tenta tout de même de relever les yeux vers ce qu'il pensait être un homme. Mais c'était difficile de décerner le vrai du faux. Le pire, c'est que Sören était un peu habitué de la drogue. Des choses illicites qu'il prend comme pour se venger de la vie. Lui, dira seulement que c'est pour oublier son existence, pendant un instant ou juste pour avoir enfin l'impression d'être vivant. Pourtant, il ne s'était jamais retrouvé aussi mal en point. Bizarre, il fallait qu'il ait rencontré son père quelques temps plus tôt, pour se taper un trip comme jamais. Alors, dans le fond, ne serait-ce pas sa façon de se venger de lui ? De lui faire peur ? Il ne pourrait pas même pas le dire en fait. Surtout là, dans cet état plus que déplorable.
La forêt interdite est un lieu très dangereux. Beaucoup de créatures s'y trouvent réunies, surtout la nuit. Sans l'intervention du Lieutenant des Mangemorts, Sören aurait pu très mal fini. Soit tué par l'une de ces créatures magiques, soit tout simplement mort d'overdose.
"Araignée."
Marmonna-t-il entre ses dents. Une masse arrivait dans l'obscurité. Avec tout le décor qui bouge encore et toujours, se tordant dans des positions qui n'existent même pas, mais ayant l'impression que tout n'est fait que de plastique tout mou, il prit la masse pour une araignée. Et connaissant son dégout pour ces bestioles, il frôla de peu la crise cardiaque, tentant même de se barrer bien qu'il n'arrive pas à faire le moindre mouvement coordonné. C'est Lestrange qui dût le retenir et de là, il entendait des voix. Le Professeur hors du commun semblait parler avec quelqu'un. Tout de moins, quelqu'un lui répondait en tout cas. A moins que Sören soit complètement et définitivement dans un monde qui n'existe que dans son imagination. Toutefois, il discerna quelques mots, comme barrière, drogue, et même le rouler. Rouler quoi ? Probablement lui, pour lui faire franchir la barrière magique et le balancer de l'autre côté. Mais qui avait-il de l'autre côté ? Le pauvre petit Levinson ne pouvait même pas se rendre compte de ce qu'il se passait. Ses yeux étaient presque explosés et parfois, son corps menaçait de convulser.
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Lun 30 Juil - 22:23
La douleur ne disparaît jamais, on apprend juste à vivre avec.