"On finit toujours par être le fils de son père, quel qu'il soit, et il faut le prendre tel qu'il est."  

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Au Ministère de la Magie de Londres, la plupart des employés sont déjà rentrés chez eux. Il restait un Sorcier par-ci, par-là, surtout des gens occupants des postes à responsabilités. Rose devait auditionner un gamin qu'elle venait d'épingler non sans mal. Le jeune homme se trouvait actuellement en cellule. Ayant pris, à première vue, de l'alcool mais probablement aussi de la drogue Moldue, il fallait lui laisser le temps de retrouver ses esprits. Puis, il a été sonné durant l'arrestation également. Ce ne fut pas de tout repos, ni d'un côté, ni même de l'autre. Privé de ses effets personnels dont sa baguette, Rose fouillait ses affaires en quête du nom d'une personne à prévenir. Elle avait l'intime conviction que ce gamin n'avait pas encore atteint la majorité légale dans le monde de la magie. Étant donné qu'il était sûrement mineur, elle ne pourrait pas le relâcher, sans qu'un parent ou un tuteur ne vienne le récupérer. L'Auror se faisait couler un café dans un mug, avant de rejoindre son bureau, sur lequel se trouvait le sac à dos du jeune homme. Elle en aurait sûrement pour quelques heures entre mettre la main sur des informations et parvenir à joindre un adulte afin de récupérer le petit. Un soupire lui échappa, lorsqu'elle se laissa tomber sur son fauteuil. Lentement, Rose ouvrit le sac et commença à fouiller à l'intérieur. Il n'y avait pas moins de deux bouteilles d'alcool, des cigarettes, quelque chose emballé dans du papier d’aluminium, certainement une substance illicite. Le tout fut déposé sur son bureau, le temps d'analyser le bagage, afin d'être certaine qu'il n'y ait pas un sort qui dissimule un fond. Après quelques minutes, bingo, il y avait bien un petit tour de magie, qu'elle réussit à contourner, trouvant ainsi le portefeuille de son prisonnier. Un air satisfait flotta sur son visage, mais ne resta pas bien longtemps en place. Heureusement qu'elle était assise, sinon l'Auror serait sûrement tombée à la renverse. En ouvrant l'objet, elle tomba directement sur une pièce d'identité, probablement fausse au vue de la date de naissance qui ne correspond peut-être pas à la réalité. Mais c'est le nom qui manqua de peu de lui faire avaler sa gorgée de café, de travers. Levinson. On invente pas un tel nom et on ne le prend pas au hasard, surtout en Angleterre. Ce patronyme est lié à un dangereux Mangemorts, quasiment connu de tous. Et surtout connu par Rose, pour avoir partagé son lit ainsi que ses nuits durant quelques temps.

La trentenaire resta un bon moment la carte à la main et les yeux rivés sur celle-ci. Perdue dans ses pensées, l'Auror se souvenait de la première fois qu'elle a évoqué le nom de Bryan Levinson. L'un de ses collègues avait tenté de la dissuader de contacter cet homme. Mais encore une fois, Rose n'en avait fait qu'à sa tête. Pourtant, elle avait fait de son mieux pour se préparer à leur rencontre, en lisant son dossier. Elle se souvient encore de la partie où c'était noté qu'il était veuf, responsable du meurtre de sa femme et père de trois enfants, dont deux avaient disparu lors de la Nuit Rouge. Justement, son collègue disait qu'à ce sujet, il n'y avait aucun doute sur le fait que Bryan ait tué ses propres gamins. Il ne s'agissait que de bruits de couloir, personne n'était parvenu à le prouver. Dans le fond, Rose n'avait jamais voulu y croire. Après avoir fini par connaître le Mangemort dans son entière intimité, elle ne pouvait pas s'imaginer qu'il soit capable d'ôter la vie à ses propres enfants. Visiblement, un énorme poids semblait vouloir arrêter d'écraser sa cage thoracique. Peut-être qu'elle ne s'était pas trompée à son sujet, Bryan n'est sûrement pas aussi sombre que le tableau que tout le monde en dépeint. Elle se releva aussitôt, pour attraper le registre des Sorciers encore présents ce soir. Justement, le Directeur du Département des Mystères se trouvait dans son bureau. Il fut donc judicieux que Rose lui envoie une missive, l'invitant à venir récupérer quelque chose qui lui appartient et qui à de grandes chances de fortement l'intéresser. Ne sachant si père et fils étaient encore en contact, elle préféra ne rien dire de plus.

Il est certain que le gamin ne devait pas encore être en état de parler, c'est pourquoi l'Auror voulait voir son géniteur en premier. Elle voulait le préparer à un entrevu, mais aussi le mettre au courant des embrouilles dans lesquelles son fils trempe. Si cet enfant a besoin de limites et d'autorité paternelle, Rose est certaine que Bryan est l'homme de la situation. Et dans l'hypothèse où son prisonnier ne soit pas celui que ses papiers le prétendent, il ne faut pas que le Mangemort le croise dés le départ dans le bureau. Mais en attendant l'arrivée de son amant, la trentenaire chercha des informations sur Sören Levinson. Une adresse se trouvait être notifiée en Amérique, ainsi qu'une inscription à Ilvermorny.

« Intéressant. »

Ce qui le fut d'autant plus, c'est l'avis de recherche sur le gamin. Selon ses informations venant directement du MACUSA, Sören aurait causé le décès de l'un de ses camarades de classe, en le défenestrant. Étrangement, en prenant conscience de toute cette histoire, l'éventualité qu'il soit le fils de Bryan, n'était pas si absurde que cela. Le fruit ne tombe jamais bien loin de l'arbre. Et ce dicton prend tout son sens d'un seul coup.

"On finit toujours par être le fils de son père, quel qu'il soit, et il faut le prendre tel qu'il est."  

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Le calme qui régnait au sein du Département des Mystères insufflait une sorte de sérénité bienveillante à travers tout l'étage. Lorsqu'il se retrouvait enfermé dans son bureau, Bryan s'y sentait tellement à son aise, qu'il en oubliait parfois de rentrer chez lui. Après tout, maintenant qu'il n'avait plus personne dans sa vie, son manoir était redevenu affreusement vide et n'avait plus autant d'attrait qu'un bureau confortable et de taille raisonnable. Lorsqu'il décidait de faire les cent pas, il n'avait pas besoin de parcourir des mètres carrés peuplés seulement de livres, de vieux souvenirs et d'elfes de maison. Un tour à l'intérieur de son bureau avec tous ces étranges objets magiques projetant une apaisante lueur bleutée lui suffisait à décompresser après une longue mission harassante. Enfin, peut-être pas aujourd'hui. Cela faisait maintenant plusieurs heures que Bryan tentait d'écrire une lettre à son fils Anton. Mais au bout de trois phrases, il n'était déjà plus satisfait de ce qu'il venait d'écrire et finissait pas rouler tous ses brouillons en boule avant de les jeter dans la cheminée. Comme à son habitude, il peinait à trouver les mots juste pour exprimer ce qu'il avait à dire. Et lorsque le destinataire de ses lettres était Anton, il redoublait d'autant plus d'attention, car il savait à quel point son fils pouvait se montrer susceptible si l'on venait à le froisser. Et cette qualité, il l'avait bel et bien héritée de son père. Mais voilà, Bryan avait une drôle de révélation à lui faire et il savait que cela pourrait déstabiliser Anton, aussi ne savait-il absolument pas comment aborder le sujet. Il y a quelques jours à peine, son vieil ami Rodolphus Lestrange l'avait mis au courant que ses deux plus jeunes enfants venaient de faire leur réapparition à Poudlard. Et sur les bons conseils du lieutenant, Bryan tentait maintenant d'annoncer la nouvelle à Anton avant que quelqu'un d'autre ne le fasse. Mais le jeune homme était possessif et son père craignait de le perdre définitivement en le mettant dans la confidence. Le mangemort sentait déjà le désespoir et la mauvaise humeur s'emparer de lui, tout en ignorant qu'il était bien au bout de ses peines.

Alors qu'il était déjà bien tard, une missive en provenance de la brigade des aurors vint se glisser sous la porte de son bureau avant d'atterrir entre ses mains. Arquant un sourcil en signe de surprise mais aussi de suspicion, Bryan déplia immédiatement le rouleau de parchemin. Lorsqu'il reconnut l'écriture de Rose, il sentit son cœur se serrer quelque peu. Leur dernière entrevue dans l'ascenseur lui avait laissé une drôle de sensation. C'était comme si elle le détestait profondément mais ne voulait pas accepter que leur histoire soit terminée. Mais en lisant son message, Bryan fut quelque peu confus. Elle l'invitait à venir récupérer quelque chose qui lui appartenait ? Si elle parlait des quelques chemises qu'il avait laissées chez elle, ce n'était pas bien important, elle pouvait bien les garder en souvenir de lui. A moins que ce soit justement ce qu'elle voulait éviter, parce qu'elle aurait enfin décidé de tirer définitivement un trait sur leur relation ? Le mangemort se laissa cette fois-ci envahir par la déception et la frustration. Peut-être ne s'était-il pas suffisamment battu pour la récupérer, peut-être aurait-il dû être plus démonstratif… Son humeur se ternit encore un peu plus mais il finit par se lever et se mit en chemin pour la brigade des aurors.

Bryan rumina durant tout le chemin. D'accord il n'avait pas été tout à fait honnête avec Rose, mais n'exagérait-elle pas un peu ? Est-ce que cela justifiait-il vraiment qu'elle coupe les ponts comme ça avec lui ? A bien y réfléchir, le mangemort était convaincu que ce qu'il avait fait n'était pas si grave. Il ne l'avait jamais trompée, jamais torturée, et de ça ce n'était pas l'épouse de Bryan qui pouvait s'en vanter.
Arrivant de la porte du bureau de Rose, il se passa rapidement une main dans les cheveux, afin de se recoiffer brièvement, puis il frappa avant d'entrer dans la foulée.

" Bonsoir, Rose. Je pensais que tu aurais voulu garder mes affaires en guise de souvenirs de ce que nous avons vécu ensemble. "

Cherchant une nouvelle fois à réveiller les sentiments de la femme de sa vie, le mangemort ne vit même pas que son fils sommeillait sur une banquette au fond de la pièce.