Girls Secrets

Les nuits commençaient par devenir plus fraîches, tombant plus tôt que le jour précédent. Quelques petites secondes mais qui, misent bout-à-bout, finiraient bientôt par leur retirer quelques minutes, puis heures de soleil. Ce mois de Septembre touchait à sa fin et Solweig nageait dans l'obscurité la plus complète. Si elle avait pensé qu'un jour, le fond était touché et qu'elle ne pourrait pas se sentir plus perdue qu'elle ne l'a été par le passé, c'était se tromper. Jamais, en se rendant au Ministère de la Magie pour demander son stage, elle ne se serait imaginée croiser son père. Et certainement pas dans le coin des Aurors. Elle pensait qu'avec son passif, il les fuirait comme la peste. Quoique, inversement, maintenant que les Mangemorts sont au pouvoir, c'est plutôt les Aurors encore en poste qui doivent se méfier de lui. Leur rencontre, tout d'abord houleuse, avait fini par devenir un peu plus normale presque. Son père eut même tout fait pour la sauver, lui tendant la perche en lui donnant son sang pour la guérir. Ce même père qui l'a laissé à l'agonie dans les escaliers, lors de la Nuit Rouge. C'est grâce à lui, si aujourd'hui sa santé commence à aller mieux. Les effets du traitement n'ont pas tardé à se faire ressentir. Mais que penser de tout cela ? Parfois, Solweig voulait croire qu'à l'époque où il avait changé et que lors de cette triste soirée d'été sanguinaire, il ait été sous imperium. Ainsi, il serait beaucoup plus simple pour la jeune femme, de lui pardonner tout ce qu'il s'est passé entre eux. Si seulement c'était le cas.

Après cela, elle avait voulu lui écrire pour le remercier. Mais le seul mot qu'elle parvint à lui envoyer, c'était un appel à l'aide, lorsque Alexander Black a décidé de l'enlever et de la faire captive. Une fois encore, Bryan avait agit comme on peut se l'attendre de la part d'un père, mettant sa propre existence en danger pour la sauver. Que penser de toute cette situation ? Incapable de vraiment parvenir à faire le tri dans ses pensées, ses choix finissaient par s'en ressentir. Elle, qui n'avait jamais laissé aucun garçon entrer dans son cœur, entretenait maintenant une liaison avec son Médicomage, bien plus âgé qu'elle ne peut l'être. Devait-elle se laisser prendre au jeu des sentiments ? Ce n'était pas encore le cas. Elle avait seulement ressenti le besoin de simplement vivre. Se sentir vivante, rien de plus. Mais, son existence n'étant pas assez compliqué, il fallait qu'un autre garçon entre dans la danse. Cette fois, c'était un jeune homme encore scolarisé, tout comme elle. Il avait tout pour que les filles tombent dans ses bras et même s'il ne la laissait pas indifférente, jamais ça n'avait été plus loin que la conversation entre eux. Peut-être que cela n'ira jamais plus loin d'ailleurs. Elle ne saurait dire, perdue de ce côté de sa vie aussi et n'ayant pas grand monde à qui se confier. Déjà pas à Bryan, parce qu'il s'agit de son père. Généralement, les papas sont du genre à encaisser très mal de ne plus être l'unique homme de la vie de leurs filles. Alors même si leur relation n'a pas toujours été très joyeuse, Solweig se rend compte que le Mangemort a tout d'un père et qu'en dehors du sang commun dans leurs veines, il agit également en tant que tel. Il recommence même à veiller sur elle, presque égoïstement. S'il venait par apprendre qu'il avait de la concurrence dans le cœur de sa petite fille, il serait capable de faire un génocide à lui tout seul.

Une semaine de cours avait repris et Solweig pouvait essayer de souffler. Elle ne risquait plus de croiser Bryan dans les couloirs du Ministère de la Magie, avant la semaine suivante. Ainsi, ça lui laissait le temps de faire le point sur leur relation à tous les deux et de savoir si elle allait répondre favorablement à son idée de parler à nouveau de façons normales. De retrouver une relation apaisée ? C'était certainement ce qu'il avait voulu lui dire. Mais il ne devait pas se douter que le cœur de sa fille, lui avait déjà pardonné toutes ses erreurs.

La jeune femme ne trouvait pourtant pas le sommeil, perdue dans ses pensées qui l'empêchaient de dormir. Elle tournait en rond comme un lion en cage, dans sa chambre. Ce n'était pas évident de prendre les bonnes décisions lorsque personne n'est là pour conseiller ou juste pour l'aider à ouvrir les yeux. Elle attrapa alors un coussin, qui traînait sur son lit et le lança sur sa camarade pour la réveiller.

« Eh, réveille-toi, j'ai un problème et...t'es réveillée là ? »

Pour être certaine que Pansy était bien prête à l'écouter, la blonde se mit à la secouer. Après s'être assurée que les yeux de la brune étaient finalement ouverts et ne menaçaient plus de se refermer, Solweig s'assit sur son propre lit.

« Comment t'as fait pour savoir que t'étais amoureuse de l'autre blondinet là ? Tu sais le petit peureux qu'était à Serpentard avec nous. »

Solweig a toujours trouvé le fils Malefoy un peu péteux sur les bords. Elle ne l'a jamais vraiment apprécié, lui et sa petite bande. Pourtant, à l'époque, Pansy était accrochée à lui comme une sangsue.

« Et, ça a toujours été lui ? Tu n'as jamais eu de doute avec un autre garçon ?... J'ai besoin de toi, parce qu'il est tard ou tôt, comme tu préfères, et que je n'allais pas réveiller Laverne à cette heure-ci... Alors voilà mon problème. Actuellement, j'ai une relation avec un homme de trente-huit ans. Il est super bien foutu, il a une bonne situation, mais c'est que pour le sexe. Tu t'es déjà envoyée en l'air, rassure-moi ? Que je ne sois pas en train de parler dans le vide. Bref, notre relation est secrète parce qu'autant pour lui, que pour moi, ce n'est que sexuel et en plus, il ne veut pas que sa fille l'apprenne. Elle a quinze ou seize ans, tu vois... Mais sinon, depuis peu, il y a un autre garçon. Enfin avec lui, il ne s'est rien passé. C'est juste qu'il également bien foutu, drôle et prévenant avec moi. C'est la première fois que quelqu'un se montre si gentil. Je sais que je l'intéresse, ça se voit. En plus, on a le même âge. Mais le problème, c'est que pour lui, ça ne serait sûrement pas qu'une histoire de sexe, parce que je l'apprécie et que je pourrais vite m'y attacher. Le problème c'est que je foire toutes mes relations, du moment où ça commence à devenir sérieux. Je refuse d'éprouver des sentiments, j'ai peur d'être à nouveau abandonnée et déçue par une personne que j'aime. »

Il y a des traces qui resteront à jamais dans sa conscience. Son père a été le premier homme à la décevoir, puis à l'abandonner. Ce qu'elle a vécu, le sentiment qu'elle a éprouvé par la suite, pour rien au monde, elle ne voudrait le ressentir de nouveau. C'est ce qui fait qu'elle est perdue face à Bryan. Elle l'aime tellement, qu'elle serait capable de lui laisser une nouvelle chance. Mais qui dit qu'il ne la gâchera pas de nouveau ? Si elle s'en est remise une fois, ce n'est pas sûr qu'elle y parvienne une seconde. Il lui faudrait presque faire un pacte avec lui, afin que jamais plus, il ne lui fasse de mal. Mais c'est lui qui, par conséquent, l'empêche de trouver le bonheur avec un homme. C'est ce qui s'est passé entre eux, qui devient un frein à la vie d'adulte de Solweig.

Girls Secrets

La cohabitation ne serait pas facile. Pansy le savait depuis le jour où elle s'est retrouvée dans la même chambre que Solweig Ljungstrom ou plutôt, Solweig Levinson. C'est avec ce dernier patronyme que la Miss Parkinson l'avait connu tout le long de sa scolarité. Mais si Pansy s'imaginait qu'il serait difficile de supporter la poupée suédoise, elle n'avait encore rien vue. Le sommeil ne la gagnait jamais de suite. Elle pensait à beaucoup trop de choses pour parvenir à fermer l’œil du premier coup. Son cerveau refusait toujours de la laisser se reposer du premier coup. A la place, il inventait bien des scénarios qui n'arriveraient sûrement pas. C'était donc toujours très tard, qu'elle parvenait à sombrer dans le sommeil. C'était surtout lorsqu'elle n'en pouvait plus et que son corps était à la limite de la crise de nerf. Cette fois encore, l'heure était très avancée, quand la brune finit enfin par s'endormir. Mais sa nuit sera écourtée par un cousin. Dormant sur le ventre, elle l'avait pris en plein sur la tête, la relevant légèrement, tentant vainement d'ouvrir les yeux. La réveiller parce qu'il y a le feu dans la chambre, d'accord. La réveiller par un monstre rode dans le couloir, elle veut bien aussi. Mais la sortir de ses songes parce que sa voisine a un problème, là non.

« Mais t'as vu l'heure Solweig ? Si tu ne te vides pas de ton sang, ça peut attendre demain. »

Bien décidée par dormir, elle remonta sa couette sur la tête, mais c'était sans compter sur la ténacité de la fille de son parrain. Cette dernière trouva utile de parler de Drago. Voilà que son cerveau se remettait en quête de préparer moult de scénarios idiots. Avec cela, jamais Pansy ne pourra se rendormir. Avec un soupire de lassitude, elle se mit sur le dos, fixant le plafond pendant un instant, avant de tourner la tête vers sa voisine. Durant quelques secondes, la brune se dit qu'elle ne perdait rien à l'écouter, mais c'était avant qu'elle lui annonce joyeusement qu'elle préférait la réveiller elle, plutôt que sa meilleure amie qui doit dormir profondément.

« Oh je te remercie de préférer me réveiller moi. Je saurai m'en souvenir. »

Quoique maintenant, il lui serait impossible de s'endormir à nouveau, alors autant l'écouter. Ce n'est pas comme si Pansy était de bons conseils pour les histoires de cœur. Le sien est brisé depuis quelques temps déjà. Mais au moins, cela lui passera le temps et elle ne croyait pas si bien dire. Les confidences de Solweig eurent pour effet de lui faire écarquiller les yeux, avant qu'elle ne se redresse jusqu'à s'asseoir dans son lit, le dos contre le mur.

« Il n'y a pas eu que Drago. Lui, je le connais depuis toujours. Il ne s'est jamais rien passé en plus avec. Mais, il y a eu quelqu'un d'autre...Une fille. C'est peut-être encore toujours d'actualité. Alors, non, tu ne parles pas dans le vide. Mais par contre, t'es en train de me dire que tu as deux mecs. Et bien...tel père telle fille. »

Tout le monde, chez les Mangemorts, sait que Bryan Levinson n'a jamais été fidèle à son épouse. Il a même eu un fils hors mariage, alors qu'il était déjà père et qu'il allait le redevenir officiellement auprès de sa femme. Mais Pansy avait dit cela sans vraiment y songer.

« Écoute, je ne peux pas vraiment comparer nos vies. C'est vrai, regarde-toi, tu n'as qu'à claquer des doigts pour avoir tous les garçons à tes pieds. Tu ne vois pas les regards qu'ils te lancent tous, une fois que tu passes. Mais je peux comprendre que tu aies peur de souffrir. Même si je n'ai pas eu la même enfance que toi, je me suis retrouvée totalement seule à la mort de mes parents. Je ne savais pas vers qui me tourner. J'ai tenté de me rapprocher de Drago, mais ses parents l'ont fiancé à la première idiote de passage. Je me suis retrouvée sans famille, sans amis. Beaucoup racontent que si tu as changé de nom, c'est parce que ton père t'a fait du mal. Je ne veux pas savoir sur quel plan, il t'a détruit et j'espère que ce n'est pas quelque chose de complètement tordu, mais ne t'imagine pas que tous les hommes sont comme lui. Je suis certaine qu'il y a des personnes qui ne te feraient jamais de mal. Par contre, être avec un type seulement pour le sexe, ce n'est pas ainsi que tu te rassureras à ce sujet. Le plus intelligent, même si forcément le plus risqué, c'est de compter sur une personne qui te montre de l'intérêt et que tu sens que tu peux t'attacher à lui. Si tu veux mon avis, le second gars que tu me décris, c'est lui le bon. »

Pansy pouvait finalement être de bons conseils, c'est juste qu'elle serait bien incapable de mettre ses propres conseils à exécution. Mais elle ne voulait surtout pas induire Solweig en erreur, il ne manquerait plus qu'elle se la mette à dos.

« Tout ce que tu risques, c'est une peine de cœur. Mais si tu ne tentes pas le coup, tu ne sauras jamais si c'était une erreur ou si c'était celui qu'il te fallait. »