« Salut Pansy, quoi de neuf depuis la dernière fois ?...La dernière fois, c'était quand déjà ? »

Complètement idiot. Drago ne pouvait pas aborder l'une de ses meilleurs amis de cette façon. Il aurait l'air d'un parfait crétin. Il chercha un autre moyen, une autre phrase qui puisse simplement lui permettre d'engager la conversation. Qu'il est maintenant devenu difficile de trouver les bons mots. Tournant en rond dans son dortoir, il avait l'impression de devenir fou. Peut-être simplement être naturel ? Ça peut être bien d'être naturel non ? Mais à bien réfléchir, Drago ne l'a jamais réellement été. Il a toujours fait ce que l'on attendait de lui, sans vraiment tenter de sortir du sentier que son père avait déjà battu pour lui.

« Tu ne pourras pas m'ignorer continuellement. »

Là c'est la mettre au défit de l'ignorer jusqu'à la fin de sa vie. Dépité, Malefoy quitta sa chambre pour tenter de prendre l'air. Il peut bien arriver jusqu'en bas du château sans prendre trop de risque. L'époque de Serpentard est tellement loin maintenant. Auparavant, il pouvait se pavaner tranquillement et semer le trouble chez les élèves de Gryffondor. Il pouvait batailler avec l'idiot de Potter, insulter les rouquins de la famille Weasley ou encore dénigrer Granger. C'était une routine dans laquelle, il se sentait bien. A présent, c'est différent. Sa vie a pris un autre tournant en grandissant. La marque des Ténèbres qui trône, à présent, sur son bras en est la preuve. S'il s'amusait à semer le doute dans les esprits des autres, quand il était encore élève de cette école, maintenant tout le monde sait qu'il fait parti des Mangemorts. Certains de ses amis lui ont tourné le dos, d'autres tentent de se rapprocher de lui. Ils sont pourtant rares à appartenir à cette dernière catégorie. Il est vrai qu'un Mangemort ne peut pas s'imaginer avoir toute une ribambelle d'amis dans les autres camps. Tout comme, il n'a pas encore brillé chez les mages noirs et ces derniers le traitent un peu comme s'il s'agissait d'un gamin. Lors de cette sombre ère durant laquelle, Voldemort a régné sur une partie du monde, Drago était aux abandonnés absents. Il se planquait derrière tout un tas d'excuses : sa mère, son père, l'envie de reprendre des études. Du moment que son père était actif, on ne lui demandait pas grand chose à lui et ça lui allait plutôt bien, si ce n'est l'histoire de ce maudit mariage. Cette union qui ne plaît pas du tout à Narcissa et dont le Maître, lui-même, ne semble pas emballé par cette idée. D'où le fait que Drago ait toujours fait ce que Voldemort lui demandait. Premièrement, afin de ne pas mourir ou ne pas être torturé. Et deuxièmement, dans l'espoir qu'il brise ces fiançailles. Difficile maintenant, de savoir où en sont les préparatifs tant redoutés pour sa part. Poudlard lui permet de souffler et d'éviter de se retrouver la bague au doigt et la corde au cou. Mais d'un autre côté, il se sent un peu coupé des nouveautés du monde. Pour le moment, il n'a trouvé personne qui pourrait le renseigner. Pire encore, pour le moment, il passe le plus clair de son temps à jouer au fantôme pour éviter celle qui lui est normalement promise. Même s'il semble excellé dans ce domaine, il n'a pas encore la chance de pouvoir traverser les épais murs du château.

Il descendait les escaliers sans se soucier des personnes qu'il croisait. Il serait même incapable de dire s'il s'agissait de garçons ou de filles, tellement perdu dans ses pensées. Drago a souvent vu des conflits entre père et fils. C'est la chose la plus courante du monde et avec les frères Rogue, il aurait largement eu l'occasion de prendre exemple sur eux pour s'opposer à Lucius. Mais, il n'a jamais eu le courage nécessaire pour l'affronter, même seulement verbalement. Puis, Lucius Malefoy n'est pas un tendre avec lui. De ce côté-là, Severus semble avoir beaucoup plus de retenue, lorsqu'il s'agit de remettre ses garçons en place. Et si Drago était courageux, depuis le temps, ça se saurait, bien qu'il ait pris en maturité et qu'il n'est plus le petit blondinet péteux qu'il a été par le passé.

Mais s'il pouvait éviter de croiser le regard des gens qui montaient ou descendaient les escaliers, il lui était difficile de faire la même chose avec une personne qui arrivait juste en face de lui. Sûrement tout aussi perdue qu'il pouvait l'être. Relevant la tête en dissimulant très mal son air surpris, il fallait qu'il tombe nez-à-nez avec Pansy Parkinson. Comment ça va depuis la dernière fois ? Tu ne pourras pas m'éviter indéfiniment, tu sais. Aucune de ses deux phrases ne pourrait convenir à la situation. Et de toute façon, Malefoy balança des mots sans même y réfléchir.

« Salut Pansy. »

Finalement, ce n'est pas si mal ? Pour démarrer une conversation, ça sonne même bien, non ? Mais la jeune femme ne semblait pas vouloir le calculer, cherchant déjà à l'éviter pour continuer de grimper l'escalier. Drago resta bêtement sur place, elle n'avait jamais été comme ça avec lui. D'habitude, Pansy lui courait après, le collait partout où il allait et même quand il la rembarrait, elle lui pardonnait toujours. C'était nouveau de voir un tel comportement et ça faisait mal quelque part entre sa fierté et son amour propre. Alors, le blondinet tourna la tête quand elle monta sur la même marche que lui.

« Tu sais très bien que je n'y peux rien. Ce n'est pas moi qui l'ai choisi. »

Dit de cette façon, ça sonnait comme s'il était condamné à une quelconque sentence. Mais passer le restant de sa vie avec une personne que l'on a pas choisi, n'est-ce pas le cas, finalement ? Coincé le restant de sa vie avec une personne qui s'est faite sauter par son pire ennemi, voilà le triste destin qui attend Drago Malefoy.