Mais qui donc pouvait bien avoir été chargé de la construction de Poudlard ? Cette douce question trottait dans la tête de la jeune Poufsouffle et ce n'était en rien par désir de se cultiver sur l'histoire du château. Oui, la raison était tout autre. C'était la disposition parfaite, stratégique même de la salle commune des Poufsouffle par rapport aux cuisines. Il était vrai qu'à première vue, et avec la réputation qu'avaient les Poufsouffle on pourrait croire qu'ils avaient été placés là comme pour les cacher, ces êtres à l'allure souvent trop joviale et niaise pour le reste des élèves, les-dits autres élèves "ceux-qui-pètent-pas-plus-haut-que-leurs-culs" comme Isis les surnommaient affectueusement. Evidemment ils n'entraient d'ailleurs pas tous dans cette catégorie, seule une faible minorité par chance mais parler d'eux était assez ennuyant comme ça. Les cuisines donc, voilà un sujet qui était bien plus intéressant, croustillant, alléchant. La jeune Poufsouffle et les amis qu'elle avait pu se faire au sein de sa maison avaient pris cette habitude de se lancer par moments des petits défis en pleine nuit, incapables de trouver le sommeil ils préféraient prétendre à un peu d'aventure en se faufilant hors de leur salle commune. Dans ces moments Isis se sentait un peu comme une héroïne de film d'action, des références moldus qui avaient du mal à faire écho auprès de certains de ses camarades mais il ne fallait pas oublier que la demoiselle était une sang-mêlée et qu'elle avait passé une bonne partie de sa vie auprès des moldus à vivre comme eux. La jeune femme regrettait que la plupart des sorciers, souvent trop pompeux, ne prennent pas le temps de se tourner un peu plus vers la culture moldu comme les films et la cuisine notamment, ça lui éviterait pleins de moments un peu ridicules et d'incompréhension de la part de ses petits camarades. Le défi du jour -et c'était un défi récurrent- était de voler de la nourriture dans les cuisines en pleine nuit. A part quelques points enlevés à la maison il n'y avait jamais eu de vraie réprimande et les élèves s'assuraient de changer de défi fréquemment pour ne pas trop être pris la main dans le sac dans les mêmes défis ce qui entraînerait certainement la prise de mesures plus sévères. C'est au cours d'une partie de pierre-feuille-ciseau, jeu moldu que Isis avait réussi à apprendre à ses petits camarades que la personne qui devrait accomplir le défi se décida. C'était Isis. Dès lors qu'elle perdait à ce stupide jeu c'était la cohue dans la salle commune, dans leurs petites têtes de sorciers ils étaient persuadés qu'elle avait inventé le dit-jeu et le fait qu'elle perde était là une preuve qu'ils la surpassaient.. Dans son propre jeu. Savaient-ils au moins que le jeu se jouait avec un part de hasard et puis qu'en l'occurrence la demoiselle ne demandait qu'à perdre pour pouvoir avoir à exécuter l'épreuve ? C'est qu'elle avait une petite faim notre Isis et c'était là une parfaite opportunité pour assouvir ce besoin plus tôt que prévu. C'est donc après un petit débriefing rapide et ennuyeux qui résumait l'épreuve que notre jeune Poufsouffle pu enfin prendre la route vers les cuisines. Se levant avec un air motivé et déterminée par les paroles de ses camarades, la challengeuse du jour prit bientôt la direction de la porte de la salle commune.

Isis amorça une marche lente vers la dite porte mentionnée plus haut, elle l'entrouvrit d'abord en tentant de maîtriser au maximum l'horrible grincement que produisait cette dernière. Ses traits se crispaient dès lors qu'elle entendait un grincement de la part de la porte mais finalement elle parvint à l'ouvrir de manière suffisante pour pouvoir se faufiler hors de la salle commune sans trop de bruit. Ses pieds nus sur le sol n'émettaient pas ou très peu de son alors qu'elle était vêtue de son pyjama constitué d'un haut à manche courtes large et d'un short. La demoiselle marchait lentement, à l'affût du moindre bruit dans cette obscurité mais elle finit par venir observer le papier que lui avaient donné ses camarades à mi-chemin du parcours et à l'aide d'un Lumos relativement faible, juste la lumière suffisante pour apercevoir le papier. Visiblement ils n'y étaient pas allés de main morte et lui demandait des aliments relativement difficiles à trouver, même de souvenir elle ne se souvenait pas en avoir vu dans les cuisines. Elle espérait au moins qu'ils ne lui avaient pas indiqué des plats illusoires tout droit sortis de leur imagination sinon elle allait se mettre en difficulté pour rien. Ne souhaitant pas être découverte la demoiselle annula bien vite le précédent sort à l'aide d'un Nox tout en continuant sa route, il fallait dire qu'elle connaissait le chemin par cœur et que le peu de lumière qu'elle pouvait s'offrir dans une telle situation ne l'aiderait pas à mieux s'orienter. Sa crinière était relevée au dessus de sa tête à l'aide d'un élastique formant une coiffure qu'elle appelait communément l'ananas, ce n'était certainement pas son nom à la base mais elle l'avait appelé comme cela pour sa forme et puis s'il lui fallait réellement donner un nom précis à toutes ses coiffures autant créer un dictionnaire sur les coiffures possibles avec des cheveux frisés, la tâche serait plus simple. Bref, maintenant c'est une nouvelle porte qui s'offrait à Isis alors que son but était proche, celle qui la séparait des cuisines. La demoiselle tout comme elle était sortie de la salle commune concentra toutes ses capacités dans le but de faire le moins de bruit possible avec une minutie impressionnante. Elle se faufila alors dans la pièce sombre un peu à tâtons n'osant pas exécuter un nouveau Lumos. Elle avait peur du fameux screamer classique de film et enviait pour cela ses camarades dont l'imagination n'allait peut-être pas aussi loin pour certains. Elle déglutit un instant en pensant qu'on pouvait la surprendre, ce serait certainement la plus grande peur qu'on pourrait lui faire à l'instant présent. Cependant loin d'être découragée la Poufsouffle débuta sa quête à la recherche d'aliments et d'autres petites douceurs culinaires. Alors qu'elle recueillait méticuleusement les éléments un bruit vint la stopper net lui glaçant le sang, un bruit suspect évidemment ! Était-il bon de préciser qu'au contraire, dans sa position de petite voleuse en herbe la demoiselle n'avait quand à elle rien de suspect de toute évidence. Il ne fallut pas bien longtemps à notre protagoniste pour décider de se cacher avec une démarche des plus amusantes, du moins si l'on était capable de voir dans le noir. Ses pas étaient rasants mais longs alors qu'elle avait affaissé son corps de peur qu'on ne distingue trop bien sa silhouette, elle avait l'air d'une dinde de cette manière. Se déplaçant ainsi elle vint bientôt se recroqueviller sous une table afin d'être parfaitement dissimulée, du moins seulement pour les yeux des curieux mais un petit Lumos ne tarderait pas à découvrir la demoiselle qui se voulait pourtant si silencieuse. Elle jurait intérieurement de ce qui lui arrivait, pourquoi à elle alors que tant de personnes tellement moins bien qualifiées étaient passées par là auparavant sans aucun soucis ? D'un autre côté elle se sentait pousser une âme d'aventurière, d'Indiana Jones prêt à se sortir de n'importe quel ennuis indemne et en l'occurrence, sans être vue serait préférable.

Mais qui donc avait eu l'idée d'emmener Isis ici en pleine nuit ? C'est qu'elle aimait bien se rassurer en rejetant la faute sur les autres dans les moments de crise notre Poufsouffle mais en l'occurrence personne ne l'avait "emmenée", elle était belle et bien la seule à s'être introduite dans les cuisines avec une discrétion des plus douteuses. La porte s'ouvrit dans un grincement perceptible et fut accompagnée par une voix masculine que la demoiselle ne connaissait pas. Elle commençait à paniquer notre pauvre Poufsouffle d'autant plus qu'elle entendait bien que cette voix semblait accompagnée, une personne si ce n'était plus elle avait du mal à dire dans sa position. En tout cas la-dite voix lui était inconnue et ce n'était donc pas un Poufsouffle qui était venu lui faire une farce en pleine épreuve comme elle avait pu l'espérer l'espace d'un instant mais elle se rendit compte que l'étranger avait fait une référence à un film moldu. Finalement peut-être qu'elle n'était pas en si mauvaise posture que cela, elle n'avait pas à faire à un professeur ou à un quelconque personnel et ils avaient en plus un peu de connaissance des films moldus, la même imagination qu'elle. Elle se dit d'ailleurs qu'ils avaient plus à craindre qu'elle, de son côté la jeune Isis était dissimulée sous sa table mais les avaient repérés, pour eux ça allait sûrement être une surprise des plus effrayantes de la découvrir. Et peu à peu la jeune femme se prenait au jeu de la malice, s'imaginant déjà les surprendre et observer leur expression apeurée à l'aide d'un Lumos. Quoi qu'ils lui feraient peut-être payer cet affront selon qui ils étaient.. Les questions trottaient dans la tête de la demoiselle qui avait du mal à se décider à agir, pour le moment être recroquevillée ainsi dans son coin était tout à fait agréable. La même voix s'éleva à nouveau pour une nouvelle référence cinématographique, une fois encore un film d'horreur apprécié par notre douce sang-mêlé qui n'allait évidemment pas se joindre à la conversation pour autant. En tout cas ces dernières paroles et même les précédentes renseignaient la jeune femme sur leur nombre, d'autant plus que maintenant qu'ils avaient pénétrés dans la pièce elle était capable de distinguer plus ou moins trois silhouettes sombres.

L'attente commençait à sembler longue pour Isis, quelques secondes lui semblaient durer des heures dans sa position. Et puis elle n'avait pas fini l'épreuve, elle avait encore des choses à rassembler et si elle commençait à prendre trop de temps les autres allaient simplement considérer qu'elle avait lamentablement raté. Il fallait donc prendre une rapide décision sur le déroulement des choses dans le futur, il lui sembla clair comme de l'eau de roche que rester cloîtrée ici ne la ferait pas avancer alors il fallait sortir de sa cachette. Elle aperçut alors le frigo s'ouvrir éclairant une faible partie de la pièce d'une lumière douce et légère, un jeune homme se trouvait-là face au frigo et de dos par rapport à notre protagoniste. Cette dernière heureusement vêtue de vêtements sombres -gris ou noirs- et dont le teint mât était plus facile à dissimuler dans une telle obscurité que celui de ses camarades semblait capable d'échapper à leur attention un peu plus facilement grâce à ces atouts. Accroupie elle se déplaçait ainsi avec lenteur afin de ne pas cogner la table dans ses déplacements, et ce jusqu'à enfin s'extirper indemne de sa cachette et sans trop de bruit. Ses pupilles certainement bien dilatées dans cette obscurité devaient quasiment dissimuler ses iris bruns, son regard vigilant s'était déposé sur le jeune Sören près du frigo. Elle approcha de lui doucement, à pas de loups pour ne pas être repérée, notamment par les deux autres qu'elle arrivait à peu près à localiser par le bruit qu'ils faisaient. Et finalement elle ne put s'empêcher de ricaner intérieurement en se rapprochant, elle s'imaginait réellement la peur bleue que cet inconnu pourrait avoir en la découvrant mais désirait pousser le vice. Pourquoi avait-il à la découvrir tout de suite ? Pourquoi ne pas le faire stresser ne serais-ce que l'espace de quelques instants ? Se retenant de rire à l'avance et de faire totalement foirer son plan -car c'est totalement ce qui risquait d'arriver vu son expression crispée par l'envie de rire- la demoiselle s'accroupit à nouveau à à peine quelques mètres de lui, elle tenta de visualiser à l'avance sa prochaine cachette et une nouvelle table non loin de là lui sembla parfait. Alors Isis vint utiliser toute l'envergure que lui offrait son bras pour venir toucher à peine la jambe du garçon d'une manière qui se voulait glauque tout en respirant doucement mais de manière audible pour ajouter un peu ce côté effrayant à la scène, elle vint par la suite se faufiler sous la table mais comme elle n'avait pas eu l'occasion de bien regarder ce qu'il s'y trouvait elle eut la bonne surprise de se prendre un chaise en bois lorsqu'il fallut se cacher sous cette dernière. Ah bah elle était cuite ! Et en plus de ça le karma lui offrait une bonne bosse sur la tête en guise de récompense pour la connerie de sa blague. Se massant la tempe, touchée par ce violent coup de la part de la chaise -oublions qu'elle avait foncé dedans- Isis tentait de réprimer un gémissement de douleur suite au choc et restait là accroupie. Bah, ils la trouveraient sans doute mais dans un petit coin de sa tête elle avait l'espoir de les voir chercher un peu, perdus et remués.