Amazing Discovery You know there's still a place for people like us. The same blood runs in every hand. You see its not the wings that makes the angel, just have to move the bats out of your head.•••Quelle heure était-il ? C'était le jour ou bien la nuit ? Depuis quand, il se trouvait là ? D'ailleurs, là, c'était où exactement ? Anton émergeait lentement d'une cuite qui l'avait quasiment laissé K.O. Par Merlin, une chance que son père ne l'ait pas vu dans un tel état, sinon il l'aurait sûrement ramené par la peau du cul pour lui faire prendre une douche glacée. Le garçon avait bu, un soir. Il ne sait plus vraiment si c'était la veille ou l'avant veille. Mais sa cuite a duré longtemps. Très longtemps. Si longtemps, qu'il n'avait plus la notion du jour de la semaine, ni même de l'heure qu'il pouvait bien être. L'étudiant s'était réveillé dans un fauteuil de l'ancienne maison de Bryan. Celle qu'il lui a filé en le vexant, car ce jour-là, il a appuyé sur le fait que cette baraque ne comptait pas à ses yeux. Enfin bref, Anton se vexe pour pas grand chose, quand ça vient de son père. Leur relation est aussi intense que bancale. Ils ne cessent de se faire du mal sans le vouloir, mais deviennent parfois dépendants l'un de l'autre. D'ailleurs avisez-vous de faire du mal à l'un, l'autre ne sera jamais bien loin pour vous atomiser le cerveau de la tête.
Donc en se retrouvant dans un état pitoyable, au milieu de Londres, le garçon avait au moins eu la présence d'esprit de ne pas transplaner. A la place, il avait visiblement eu l'idée de venir dans cette maison et de squatter un fauteuil. Puis, les heures ont défilé, les jours peut-être aussi, non sans mal, puisqu'à plusieurs reprises, Anton avait eu l'impression qu'il était sur le point de vomir la quasi-totalité de ses entrailles. Heureusement, rien n'était sorti, pas même le contenu de son estomac noyé dans l'alcool. Mais, alors qu'il se réveillait peu-à-peu, ses muscles douloureux le stoppaient dans son élan pour se lever. Bien entendu, persuadé qu'il était à l'agonie, il ne remarqua qu'après coup, la présence d'un elfe qui le fixait avec un air complètement abruti sur le visage.
« Putain, dégage, laisse-moi crever en paix. »
Mais plus les minutes filaient et plus, Anton se rendait compte que non, il n'allait pas mourir. Malheureusement pour lui, il devra faire avec cet état lamentable pendant encore quelques heures. Finissant par se relever, manquant de se vautrer dans la table basse et pestant quand l'idiot qui a eu l'idée de la mettre là, en plein milieu du salon – enfin là où se trouve généralement une table basse vous savez -, il décida de se rendre à la cuisine. Pour le coup, il trouvait le chemin vachement long et ce n'est pas sa démarche chancelante, typique du mec bourré, qui allait l'aider à y aller beaucoup plus vite. Toutefois, l'espace d'un instant, il s'était mis à regarder le plafond, en espérant qu'il n'y ait pas de caméras ou de trucs sorciers du même style. Car, si jamais son père le voyait ainsi, sa fierté en prendrait un sacré coup.
Une fois dans la pièce souhaitait, avec l'intention de faire tous les placards, à la recherche de quelque chose d'utile pour calmer son affreux mal de tête, l'elfe précédemment viré, lui avait concocté une petite potion. Sûrement pour l'achever, pensa-t-il dans un premier temps. Mais la créature venait apparemment de lire dans ses pensées, lui faisant glisser le récipient jusqu'à lui, en annonçant que ça calmait la gueule de bois. Sachant qu'il s'agissait d'un elfe de Bryan, Anton ne pouvait qu'avoir confiance. Il sait que son cher pôpa n'est pas le dernier quand il s'agit de boire un petit coup de trop. Ils doivent avoir l'habitude des lendemains difficiles. Aussi, le jeune Munter ne tarda pas à boire la potion écœurante, lui levant presque le cœur au passage. Mais, au bout de quelques instants, les premiers effets se faisaient déjà ressentir. Sa démarche était déjà plus souple qu'auparavant, même si demeurait toujours un mal de crâne du tonnerre. Il faut dire que l'état dans lequel il s'était mis, valait vraiment le détour. Après ça, naturellement, conscient de l'image qu'il devait donner, Anton partit à la recherche d'une salle de bain. Son père devait bien avoir laissé quelques trucs traîner. Arrivé à destination, il fouilla dans les placards et la chance lui sourit en tombant sur de l'après-rasage. Mais Anton Munter ne serait pas Anton Munter s'il ne faisait pas une petite connerie au passage. Avec l'intention d'ouvrir la bouteille afin de voir si le contenu avait encore de l'odeur, le récipient lui glissa des mains et il donna à boire à sa chemise.
« Oh mais sérieusement ? »
Il referma la bouteille, pour le peu qu'il restait dedans. Une chance que son père ait de bons goûts, sinon il se taperait une odeur abominable pendant un bon bout de temps. Il laissa tomber l'idée de fouiller, préférant repartir. Récupérant son blouson en bas de l'escalier et sa baguette, il remarqua bien vite que finalement, malgré les années, Bryan n'avait pas changé de marque d'après-rasage. Parce que le courant d'air, lorsqu'il enfila sa veste, lui fit remonter l'odeur de papa Levinson. Oh oui, il s'en souvient, c'était exactement ce qu'il avait senti lorsqu'il l'avait pris dans ses bras à Pré-au-Lard. Et il n'y a rien de plus déconcertant pour Anton, qui finit par ouvrir la porte d'entrée pour sortir. Mais au même moment, une fille grimpait les marches. Le garçon surpris, en aurait presque sursauté, s'il n'avait pas autant de maîtrise. Il arqua tout de même un sourcil, lorsque la blonde lui demanda ce qu'il faisait là. L'espace d'un instant, le doute persista dans son esprit. Et s'il s'était planté de baraque ? Bourré comme il l'était, ça n'aurait strictement rien d'étonnant. Pour en avoir le cœur net, il se retourna quelque peu, pour s'assurer que c'était le bon endroit. Là, non, il ne pouvait pas s'être trompé. Il n'aurait pas fait ça ? Faisant à nouveau face à la fille qui devait avoir un peu près le même âge que lui, Anton planta son regard dans le sien, même si peu assuré pour le coup.
« Euh...c'est la maison de mon père. »
Bryan ne lui aurait pas menti là-dessus ? Il lui a raconté des bobards à propos des Mangemorts, mais pour le protéger. Là-dessus, Anton n'a aucun doute de la bonne intention qui se cachait derrière le mensonge, mais il ne lui aurait pas filé une mauvaise adresse tout de même ?
Amazing Discovery You know there's still a place for people like us. The same blood runs in every hand. You see its not the wings that makes the angel, just have to move the bats out of your head.•••Esprit embrumé par les résidus d'alcool, Anton savait que les prochaines heures seraient longues. Mais il ne pensait pas que son périple commencerait dés l'ouverture de la porte d'entrée, de la maison qui fut celle de son père. S'apprêtant à grimper les marches du perron, la fille qui lui faisait face avait l'air aussi surprise qu'il pouvait l'être. Ne la connaissant ni d'Adam ni de Eve, Anton ressentait comme une impression de déjà vue. Sans doute l'avait-il croisé quelque part. Peut-être même à l'école, qui sait ? Néanmoins, sa question avait du sens, plus qu'elle ne pourrait sûrement l'imaginer. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Répondre simplement que c'était la maison de son père, pourrait le sortir d'affaire et c'est ce qu'il fit. Sauf que la véritable raison de sa venue est toute autre. Fuir les obligations. Fuir les regards. Fuir son père. Juste le temps de redevenir sobre. Juste pour ne pas voir la déception dans son regard ou subir des paroles qui peuvent faire mal. Juste pour faire une pause dans sa propre existence. Mais cette maison n'a aucun intérêt à ses yeux. C'est un squat, rien de plus. Jamais, il n'y vivra, même temporairement. Parce qu'il s'agit là de ce qui fut la maison familiale de son père. La demeure d'une famille dont il ne faisait pas parti. La rancœur a la peau dur semblerait-il. Pourtant, ce n'est pas à Bryan qu'il en veut. Lui, il n'était au courant de rien. Il le lui a certifié et Anton le croit sur parole. Il a l'impression que pour le coup, malgré que son père lui a raconté beaucoup de bobards, là-dessus, il reste sincère. C'est bien à sa mère que le garçon en veut terriblement. Il lui en veut de l'avoir gardé. De lui avoir donné la vie, pour le faire souffrir. De l'avoir laissé grandir en lui cachant la réalité sur son existence. De l'avoir simplement privé de son véritable père. Il lui en veut tellement, qu'il refuse de rencontrer la famille Travers, qui n'est d'autre que le sang de sa mère. Lorsque Bryan lui a proposé d'arranger une rencontre avec eux, lors d'un échange par hibou, Anton n'a pas jugé bon relever. Alors évidemment, cette maison, à présent derrière lui, ne cesse de lui rappeler tout ce qu'il a loupé. Elle ne cesse de lui ramener en mémoire, qu'il a grandi entouré d'un secret qui a détruit une bonne partie de son existence. Cette baraque est néfaste. Pourtant sa révélation interpella la jeune femme, maintenant devant lui, au point de lui faire lever un sourcil.
« Tu dois faire erreur, mon père a fait construire cette maison. Mais je t'avoue que je n'ai pas été fouiller dans le grenier. »
Pourquoi l'aurait-il fait ? Il s'en cogne complètement des souvenirs de cette famille qui a vécu avec son père, sans lui. Il n'a sûrement pas envie de tomber sur des objets ou photographies montrant des moments de bonheur qui ont eu lieu, sans lui. Puis, elle se trompait sans doute de maison, alors inutile de lui laissée fouiller le grenier. Encore qu'il s'en fout tellement, qu'elle peut entrer à l'intérieur et prendre tout ce que bon lui semble. Cette baraque ne sera jamais la sienne de toute façon, comme tout ce qui s'y trouve ne sera jamais à lui. Mais Anton remarqua la mine étrange de son interlocutrice. On aurait dit qu'une odeur la dérangeait. Il s'était à moitié vidé l'après-rasage de son père, sur sa chemise, ça doit sentir bien fort. Mais de là à faire cette tête. Discrètement, il attrapa un morceau de son col, pour voir s'il ne puait pas. Encore plus vexant que la tête qu'elle avait faite, c'est qu'elle s'apprêtait à tourner les talons, en disant qu'elle s'en allait. Bon bah, Anton ne tentera pas de la retenir. Mais encore une fois, il trouva cette fille vraiment bizarre, à moins que sa gueule de bois lui joue des tours. Voilà qu'elle fixait la sonnette, si bien qu'il finit par suivre son regard avec le sien. Il fut vraiment étonné qu'elle lui demande si son père c'était Bryan Levinson.
« En effet. »
Il s'apprêtait à reprendre la parole, mais cette fois, l'inconnue ne lui en laissa pas le temps, l’assénant de questions. Une double vie ? Autant dire qu'avec la cuite qu'il s'est pris la veille ou même l'avant-veille, ses idées n'étaient pas bien claires et il ne comprit pas tout de suite de quoi elle pouvait bien parler. Mais elle enchaîna très vite en lui demandant son âge, combien ils sont et surtout si Bryan lui a parlé d'eux. Puis les mots frères et sœurs parlaient également d'eux-même, au point qu'Anton baissa un instant la tête, comme s'il était lui-même responsable des agissements de son père. Il se sentait tellement mal à l'aise là, qu'il ne savait plus vraiment s'il devait ou non répondre à toutes ses interrogations. Alors reprenant sa parfaite imitation de l’huître, l'étudiant en magie avancée resta complètement silencieux, mais peut-être pas si fermé qu'il voulait le faire paraître. Il ne releva les yeux du sol, pour la regarder en face, que lorsqu'elle finit par lui dire qu'ils étaient du même sang, mais qu'elle ne savait pas comment il s'appelait.
« Anton... Tu es Solweig je présume. »
Lors de leur dernière entrevue, justement Bryan a abordé une partie de son passé, notamment en ce qui concerne sa famille. Il lui avait parlé de Solweig, sa magnifique petite fille qu'il avait adoré. Sur le coup, Anton avait ressenti une pointe de jalousie quand son père lui en avait touché quelques mots, mais il n'avait pas relevé. Une fois encore, il n'avait pas voulu s'attarder sur un sujet qui lui serait devenu douloureux. Pourtant, maintenant qu'elle se trouvait devant lui, il n'avait aucune envie de lui prendre la vie, comme il l'a fait avec Heather. Les choses ont changé. Anton a tué Heather, une autre de ses demi-sœurs, pour priver son père d'un enfant au sang pur. Bryan l'avait blessé si profondément à ce moment-là, que le fils voulait lui enlever son seul espoir. Mais Solweig c'était différent. En se souvenant des paroles de son père, il y avait vraiment eu quelque chose dans son regard, quand il a évoqué la venue au monde de son premier enfant. Il y avait de la douleur, mélangé à de la fierté, de la peine et encore de l'amour. L'étudiant aime tellement Bryan, qu'il ne peut pas lui arracher l'une des rares personnes à qui il tient peut-être encore. Puis à l'écouter, mais surtout à l'analyser, Anton et Solweig ne semblent pas si différents l'un de l'autre. Ils sont visiblement tous les deux habités par une rancœur, une douleur qui ne fait qu’accroître en leurs cœurs. Il a tout, sauf envie d'abréger son existence.
« Viens, entre, je crois que nous devons parler. »
Il se poussa de l'entrée, pour la laisser passer et s'aventura à son tour dans la maison, refermant la porte derrière eux. A présent, il se sentait surtout comme invité, puisque c'était la demeure dans laquelle, Solweig a passé les premières années de sa vie. Sensation vraiment étrange, à tel point qu'il sentait que sa gueule de bois en rajoutait une bonne couche en rendant la chose plus floue et difficile à gérer.
« Concernant une éventuelle double-vie, il vaut mieux lui poser la question à lui-même. En tout cas, on ne peut pas dire qu'il ait vécu quelque chose de ce genre, avec ma mère, qui n'a pas fait mieux que lui au passage. Elle était mariée et elle avait déjà un fils d'un an et demi, Hengist. Dans la même semaine, elle a couché avec deux hommes : Harfang Munter et Bryan Levinson – pas forcément dans cet ordre. Elle est tombée enceinte et voulait quitter son mari. Elle savait très bien lequel des deux se trouvait être le père, mais elle a préféré se renseigner à leur sujet. L'un était Professeur à Durmstrang, mais célibataire. L'autre était déjà marié et avait une enfant...toi. Elle a choisi de se tourner vers le célibataire, lui faisant croire qu'il était le père du bébé à naître. Il a tué le père d'Hengist le jour où il est venu la chercher. Puis, je suis venu au monde et un an après, elle a eu Nikolaï avec son nouveau époux... »
Il attrapa une bouteille de Whisky, oubliant sa gueule de bois qui lui martelait la tête. Servant deux verres, il en donna un à Solweig.
« Je crois qu'on a besoin d'un petit remontant... Il m'a dit qu'il avait tué ta mère, je suis désolé pour ça. La mienne est morte aussi, mais elle ce n'est pas plus mal. Cependant...j'ignorais qu'il avait aussi tué ton frère et ta sœur. Pourtant, je ne peux pas lui jeter la pierre, j'ai tué Heather, une fille qu'il a eu...apparemment entre nous deux. »
Il vida son verre d'un seul trait, saisissant de nouveau la bouteille pour s'en servir un autre. En-dehors de Bryan, personne d'autre ne savait, jusqu'à maintenant, qu'Anton était le meurtrier de Heather. Même Hengist et Nikolaï n'étaient au courant de rien. Mais il était touché par la détresse de Solweig, étant lui-même passé par-là, il ne pouvait pas l'ignorer.
Amazing Discovery You know there's still a place for people like us. The same blood runs in every hand. You see its not the wings that makes the angel, just have to move the bats out of your head.••• Il fallait parvenir à faire la part des choses dans cette histoire. Ce n'était pas évident, surtout dans l'état qu'il se trouvait. Anton ne voulait pas réagir brutalement. Il ne voulait pas faire peur à sa sœur. Son unique sœur d'ailleurs. Quand il réagit mal vis-à-vis de Nikolaï et d'Hengist, ce n'est pas bien grave. Ils le comprennent. Ses frères sont comme lui dans le fond, mais il sait qu'une fille, c'est plus sensible et bien sûr, qu'elle cogite plus également. Alors c'est pour ça, qu'il prit sur lui, même lorsqu'elle se mit à parler de Bryan comme étant l'alcoolique de service. Prendre sa défense ne servirait à rien, puisqu'il ne faut pas se leurrer, Bryan n'a pas été un homme digne de ce nom par le passé. Il a bu plus qu'il n'en faudrait, il a battu et trompé sa femme, et s'en est même pris à son enfant. Anton peut toujours tenter de ne voir que le bien en son père, il ne peut pourtant pas nier l'évidence. Le défendre ne rimerait à rien, puisqu'à cette époque-là, il ne le connaissait même pas. Ce n'est pas lui qui a eu à essuyer ses trop nombreuses colères. Il ne connaît pas ce Bryan-là.
"Il ne s'en vantait pas non. Il le regrettait."
C'est là, la seule chose qu'Anton dira pour défendre leur père. Parce que Bryan n'avait pas semblé être fier de tout ce qu'il avait fait. A de nombreuses reprises, il avait fait comprendre à son fils, qu'il n'était pas le père parfait qu'il voulait croire qu'il était. Maintenant, les choses sont plus claires dans l'esprit de l'étudiant en magie avancée. Mais d'un autre côté, Anton ne pouvait que comprendre ce que ressentait Solweig. Certes, son père ne lui a jamais fait le moindre mal à lui, ni même son père adoptif. Mais sa mère était violente avec lui. Plus d'une fois, il a pensé qu'il ne se relèverait pas. Et il ne comprenait pas ce qu'il avait fait de si mal. Lui, il n'avait pas demandé à venir au monde. Ce n'était pas de sa faute si sa mère s'était retrouvée enceinte, après avoir couchée avec deux hommes différents en si peu de temps. Pourtant, il faut croire qu'il était responsable de tous les maux dans l'existence de cette femme.
Anton n'était pas tellement en état de boire à nouveau. Se trouvant en pleine gueule de bois, il lui fallait quand même un remontant ou un échappatoire, au choix. Pour la première fois, il raconta ce que lui-même avait fait, mais Solweig semblait si en colère qu'elle le remerciait limite d'avoir tuer leur demi-sœur. Après tout, Heather n'était qu'une tarée avec un dédoublement de personnalité qui se croyait au-dessus de tout et de tout le monde. Elle n'était pas de leur monde à eux. Elle n'était pas comme Anton, ni même comme Solweig. Parce qu'il sent déjà que sa sœur aînée, ici présente, est tout aussi anéantie que lui, par la vie. Rien que pour cela, il ne pourrait pas lui faire le moindre mal. Tous les deux dans le même sac. Tous les deux habitaient par leurs démons. Mais elle parlait de Snejana et Sören, en lui disant qu'ils étaient pour lui comme le sont Hengist et Nikolaï. Après tout, ce n'était pas faux, sur le plan génétique, ils étaient bien ses frères et sœurs. La différence, c'est qu'ils n'ont pas grandi ensemble. Ils n'ont pas vécu les mêmes choses. Ils n'ont pas souffert en même temps. Alors ça ne pourra jamais être pareil qu'avec ses autres demis-frères.
"Je ne peux pas partager ta souffrance à ce sujet. Je peux juste tenter de l'imaginer, parce que je ne les connaissais pas. J'ai même l'impression de débarquer d'une autre planète et d'être complètement à l'écart de tout. Il y a vous trois d'un côté, qui avez grandi ensemble, et moi de l'autre. Une erreur qui n'était pas prévu au programme."
C'est vrai, c'est lui le bâtard. C'est lui, l'enfant né hors mariage. L'erreur de parcourt, celui qui arrive après la bataille. Il ne connaît rien du tout de cette famille là. Ce n'est même pas son père qui l'a élevé. Il lui fallait boire un autre verre, pour éviter de trop penser. Dans ces moments où le monde semble s'effriter autour de soi, il ne faut pas s'évertuer à cogiter plus. Tout ce qu'il pouvait lui proposer, c'était d'emporter tout ce qu'elle voulait, parce qu'après tout ce qu'il vient d'apprendre, il est certain qu'Anton ne remettra jamais les pieds dans cette maison. Ce n'est pas la sienne après tout. Et ça ne le sera jamais. Mais là encore, s'il tentait d'apaiser la colère de sa sœur, il n'en était rien, parce qu'elle lui faisait des révélations horribles sur des scènes s'étant déroulées ici-même. Parmi tous les détails qu'elle lui donnait, son regard s'était perdu sur le placard dans lequel, elle disait avoir cachée son frère et sa sœur. Au manoir Munter aussi, il y a ce placard. Celui où Hengist l'a caché, un soir où leur mère voulait le massacrer pour une nouvelle broutille totalement absurde. Mais elle avait fini par le trouver et c'était pire que les autres fois. Il entend encore Nikolaï, âgé de quelques années également, pleurer en disant qu'elle allait tuer son frère. Perdu dans ses sombres pensées, dans ses souvenirs douloureux d'une vie passée, qu'il revint d'un coup à la réalité. Brusquement alors que des crépitements étranges parvenaient jusqu'à ses oreilles. En tournant la tête, il remarqua que les rideaux étaient en feu et que les flammes léchaient déjà les meubles se trouvant tout autour. De la fumée foncée émanait de là et s'ils ne sortaient pas de suite, ils allaient finir intoxiqués et brûlés vifs dans cette maison à l'histoire si tragique. Sans plus attendre, Anton attrapa le bras de sa sœur.
"Il faut qu'on sorte de là."
Il ne lui laissa pas le choix. Il ne la laisserait pas mourir ici, alors qu'il devinait ce qu'elle comptait faire. Mais cette fois, ce n'était pas l'autre dingue d'Heather qui se trouvait devant lui. C'était Solweig, cette sœur qu'il ne connaît pas, mais qui lui ressemble énormément dans le fond. Anton l'attira avec lui, jusqu'à passer la porte d'entrée et descendre les quelques marches, histoire de rester à bonne distance de la bâtisse, pour qu'ils ne soient pas blessés d'une quelconque façon. Il toussa ayant été partiellement enfumé, mais ne l'avait pas lâché pour autant. Se tournant alors vers la villa, qui n'était déjà plus qu'un abysse de flammes, ses doigts relâchèrent le poignet de sa sœur, qu'il finit par prendre affectueusement par la main.