Enfreindre le règlement semblait être une coutume, transmisse de génération en génération. Passer outre les règles en vigueur en était même devenu un sport national, à Poudlard. Chaque élève avait un jour essayé de s'y soustraire, ou s'était retrouvé à écoper d'une punition quelconque. Un fait qui n'avait jamais outré le grand directeur, vu que c'était ça aussi être jeune. Avoir un esprit de rébellion, se laisser tenter par l'interdit, être emplis de fougue, des rêves plein la tête. Pour lui, la sagesse de leur aînée devait les empêcher de commettre les actions les plus graves, mettant leurs sécurités, ou celle des autres, en jeu, mais eux-mêmes ne devaient pas oublier qu'un jour ils avaient été jeunes, à leur place et qu'ils en avaient prit le même plaisir. Albus ne pouvait d'ailleurs que comprendre. S'il avait été un élève excellent, sous tous rapports, cela ne l'avait pas empêché, en quatrième année, de mettre tout bonnement le feu aux rideaux de son lit, tant la couleur criarde des rouges et ors en était arrivé à l'énervé. Heureusement, l'incendie avait été rapidement contenu et nulle n'en avait rien su. Quoi qu'il en soit, l'esprit farceur, mutin, que gardait Dumbledore en dépit de son grand âge, lui permettait, malgré le sérieux de ses responsabilités, de ne pas oublier ce qu'était l'adolescence et cette volonté farouche de profiter de la vie. Raison pour laquelle, il était rarement strict, prompt à donner de nombreuses punitions. Au contraire, avec lui, les entrevues se résumaient essentiellement à une bonne conversation, le tous ponctué de bonbon au citron, dont il était littéralement friand. Puis, il fallait bien avouer qu'il n'était pas en reste sur certains de ses amusements, l'époque des jumeaux Weasley/Rogue avait été faste à regarder.
Cependant, tester les limites, n'était pas la seule raison qui pouvait pousser un étudiant à la bêtise, il y avait une autre possibilité, une possibilité qu'utilisait sans vergogne le jeune Evan Skeeter. Par le biais de ses gaffes, il voulait attirer l'attention sur lui. Évidemment, ce n'était pas celle des autres, ni celle de son directeur de maison, sans doute lassé de devoir retirer des points à Gryffondor, mais la sienne. Il en avait parfaitement conscience. Si le jeune garçon avait réussi, à même pas onze ans, à retrouver son père biologique, issu du très discret Macusa, il n'avait que peu de doute à émettre quant à ses découvertes suivantes. Il avait certainement compris le lien unissant Abraxas à Abelforth et donc par extension à lui. Ils étaient de la même famille et quand vous aviez été pendant des années privées de toutes ces informations, de toutes ses connaissances, vous vouliez évidemment aller à leurs rencontres. Albus avait fait le choix de ne pas s'immiscer dans sa vie, en accord avec son frère, c'était à son humble avis une question de sécurité. Moins on ferait le lien entre eux, plus il aurait de chance que personne ne s'intéresse à une des nombreuses prophéties ornant le département des mystères et qui le concernait. Néanmoins, cette belle décision était devenue impossible. Dumbledore avait rejoint l'école et son petit-neveu et arrière-petit-neveu si trouvaient également. Tous deux ayant évidemment prit le partis d'aller à sa rencontre. Oh il était ravis de cela, à n'en pas douter. Il avait, en plus, la douce pensée qu'en ses murs, Evan était en sécurité. Certes les mages noirs cités seraient présent, mais ils ne pourraient pas l'atteindre, il s'en faisait la promesse. Pas maintenant et surement pas aussi tôt! Quoi qu'il en soit, quand Ardal venu l'informer de la énième bêtise réalisée par le duo Serpentard/Gryffondor, qu'il formait avec Kenneth MacPherson, il n'avait plus d'autre choix, l'heure n'était plus au report de la discussion.
Avec un léger sourire aux lèvres, il lui avait demandé de le conduire à son bureau, précisant qu'il viendrait, lui-même, l'y chercher à l'entrée, en début de soirée. Eh comme la demande lui laissait encore quelques minutes, le mage avait grimpé les escaliers de son bureau, se rendant dans une des pièces attenantes, mais du bruit à l'étage inférieur finit par attirer son attention. Silencieux, il avait tendu l'oreille. Évidemment une multitude de son s'échappait de manière continuel de son bureau, que se soit des objets, de Fumseck, ou encore des portraits, mais il discerna parfaitement bien une voix plus enfantine, s'extasier sur le phénix. Comment était-il entré ? Ardal avait le mot de passe, certes, mais il lui avait bien demander d'attendre. Intrigué et nullement vexé, il n'y avait rien d'irréparable dans son bureau, il descendit les escaliers pour aller à sa rencontre, alors que la lumière rougeoyante du coucher de soleil, illuminait la pièce, la rendant plus impressionnante encore. Tout à fait calme, Albus eut un léger raclement de gorge, question de s'annoncer en douceur et de ne pas faire sursauter le jeune garçon. Mais visiblement, c'était raté, vu que celui-ci se tournait déjà vers lui, l'air complètement paniqué, voir terrorisé, lui annonçant qu'il était entièrement innocent par rapport à ce qui s'était passé sous ses yeux. Penchant la tête en avant, il regarda par-dessus ses lunettes argentées, en direction du perchoir de Fumseck, vide. Il comprit alors ce qui venait de se passer, surtout qu'un petit tas de cendre s'étaient formées à sa base. Absolument pas en colère, après tout il n'y pas de raison, il descendit les dernières marches, avant de reprendre la parole pour le rassurer.
-Ce n'est rien, le moment était venu. Il n'était pas bien ces derniers temps, c'est dommage que tu l'ailles vu le jour de sa combustion. Lentement, le directeur vêtu d'une robe rouge, s'avança dans la pièce. Son regard se posa tendrement vers Evan. S'il lui semblait l'avoir entendu dire que c'était un phénix, il n'avait pas l'air, au vu de son regard paniqué d'en comprendre tout le sens. Il décida alors d'être plus précis, lui ôtant le poids de la culpabilité. Fumseck est un phénix, Evan, comme tu l'as très justement remarqué et les phénix s'enflamment quand l'heure est venu pour eux de mourir... Après quoi il renaisse de leurs cendres. Il avait contourné le petit garçon encore tout effrayé pour l'insister à s'approcher à nouveau du perchoir, doré. Albus tendit la main en avant, dégageant très lentement la première couche de cendres, avant que celle-ci ne se mette à bouger toute seule. Rapidement, la tête d'un oisillon émergea. Noir, couvert de poussière, il étira ses petites ailes en ballottant la tête, avant d'émettre un léger hululement. Ravis de te revoir mon ami. L'oiseau comme s'il avait compris ces paroles, poussa un autre cri avant de sortir complètement de son tas de cendre. Les yeux pétillants de malice, il croisa le regard du première année. Les phénix sont des créatures fascinantes et j'ai entendu dire que tu appréciais énormément les animaux magiques, je me trompe?
Ohh il y avait quelqu'un d'autres dans les rangs des professeurs qui en avait une passion dévorante et c'était Rolf Dragonneau. Signalait-il qu'il avait eu vent de la donation d'un tout jeune oiseau-tonnerre, peut-être ou peut-être signalait-il simplement la connaissance de son excellent travail dans ce domaine. Quoi qu'il en soit, si son arrière-petit-neveu s'attendait à être reçu sévèrement, il avait à présent toutes les preuves du contraire. Le directeur était toujours souriant et lançait une conversation tout à fait anonyme sur la diversité de la faune mondiale. Amusé, il n'oubliait pourtant pas la raison sous-jacente de sa visite, mais il avait la vague impression que le petit bonhomme n'allait pas tarder à sauter sur l'occasion, sans doute trop content d'être parvenu à son but. Bon joueur, il ne voulait pas lui ôter ce plaisir, même si la surprise n'allait pas en être une. Il le laissa observer Fumseck en silence, alors qu'il reculait un peu plus dans son bureau, près des portraits de tous les anciens directeurs, qui somnolaient dans leurs cadres.
-Dois-je comprendre que Suçacide était trop évident ?
Aucune vexation là-dedans, il semblait, au contraire, ravis, littéralement amusé, comme si rien n'aurait pu lui faire plus plaisir. Il avait beau ne pas être à proprement parler de sa descendance, il ne pouvait pas nier que sur certains points, ils se ressemblaient étrangement.