Pourquoi est-ce qu’il avait fait la connerie de s’aventurer dans la forêt interdite ce soir, déjà ?
Jay avait beau y réfléchir alors qu’il paniquait plus que légèrement à l’idée de ne pas retrouver son chemin, mais il ne s’en souvenait plus. Enfin si, il se souvenait de la raison, mais il ne se souvenait pas du moment où il avait jugé bon de faire cette connerie. Tout était parti d’une stupide discussion avec Zakaria, qui comme d’habitude avait toujours des idées craignos dans la tête. Il parlait d’une vague idée qui concernant d’éventuels inferis et la forêt interdite, alors Jay avait poussé de gros soupirs, avait fait les gros yeux et avait secoué la tête dans tous les sens, si bien que Dragan les avait remarqués et s’était incrusté sur le banc à côté d’eux pour ricaner et se foutre de sa gueule. Il avait cru que Jay se défilait à l’idée d’aller faire un tour dans la forêt interdite, ce qui naturellement avait scandalisé le Serpentard – y en a marre qu’on se foute de sa gueule, eh oh. Et à force de se faire vanner et à force d’entendre Dragan dire qu’il n’était pas du genre à avoir les couilles de le faire, Jay avait fini par prendre la provocation au pied de la lettre et il avait annoncé qu’il se rendrait bel et bien dans la forêt interdite ce soir. Il pensait qu’il s’agirait seulement de faire un petit tour à la lisière, qu’il retrouverait Zakaria et Dragan en train de rigoler, et puis ce serait tout. Mais ces deux gros connards devaient bien dormir dans leur lit, puisqu’aucun d’entre eux n’était là et que visiblement, il était le seul con à s’être monté la tête tout seul.
Il avait voulu jouer au caïd alors il s’était aventuré plus loin dans la forêt. Juste le temps de faire une gentille petite boucle d’un pas extrêmement pressé, histoire de pouvoir ensuite se vanter de l’avoir fait – personne n’était obligé de savoir qu’il faisait volte-face à chaque fois qu’une branche grinçait à cause du vent. Mais la nuit était noire, la lune masquée par de lourds nuages sombres. Et dans cette putain de forêt, tout se ressemblait. Sans parler du fait que Jay n’était pas très doué en orientation. Résultat : il se retrouvait complètement paumé.
Il erra longtemps, le stress augmentant à chaque fois un peu plus. Puis il y eut un craquement plus fort que les autres qui l’alerta. Par pur réflexe, sa main se resserra sur sa baguette qui n’émettait qu’une faible lueur pour ne pas justement se faire trop remarquer. Mais il n’eut pas le temps de la lever, ni-même de voir quelque chose venir, qu’une masse le percuta violemment de côté, lui coupant littéralement le souffle. Il se sentit tomber au sol, traîné dans un mélange de terre, de boue et de feuilles. Il avait lâché sa baguette et il ne voyait plus grand-chose. Il entendait juste une espèce de bruit, une respiration, ou alors un râle, un grognement – un animal ? Un monstre ? Oh putain, pas une araignée géante quand même ? Des créatures étranges habitaient cette forêt, tout le monde le disait. Visiblement, c’était vrai.
Il n’eut pas le temps d’identifier la bête qui l’avait attaqué. Il y eu une grande et vive lumière, celle d’un sortilège, et Jay leva un bras pour se protéger le visage tout en fermant les yeux. Il y eut un cri bizarre, clairement inhumain, puis Jay sentit un poids se libérer sur son torse. La bestiole, peu importe ce qu’elle était, avait dégagé. Ou plutôt, quelqu’un l’avait faite dégager.
Un peu hagard, Jay releva la tête pour découvrir un homme au visage relativement fermé, à moins que ce ne soit un air blasé. Il ne le connaissait pas du tout. Mais il avait sa baguette en main, donc oui, c’était bien lui qui était intervenu. Jay se releva et tenta d’épousseter ses vêtements, comme pour faire oublier le fait qu’il s’était vautré dans la boue comme une merde.
« Oh la la mais heureusement que vous étiez là. »
Le soulagement s’entendait clairement dans sa voix. Il avait un grand sourire d’imbécile scotché au visage et se mit même à rire. Quand il raconterait ça aux autres… Oh non, on allait encore se foutre de sa gueule. Déjà qu’on le charriait un peu trop souvent en ce moment sur son manque total d’expérience en matière de gente féminine, peut-être qu’il allait éviter d’en rajouter. Ou alors il raconterait tout ça mais en extrapolant beaucoup. Du style, qu’il était tombé sur un putain de dragon en pleine forêt, qu’il avait failli mourir en essayant d’approcher la bête, qu’il avait presque réussi à l’apprivoiser mais qu’un putain de monstre avait débarqué et avait tout gâché en manquant de le tuer aussi… Ouais, un truc du genre qui le mettrait en valeur.
Tout naturellement et sans réfléchir, Jay vint serrer la main de l’homme qui lui avait sauvé la mise – ou peut-être même la vie.
« Franchement merci, hein. »
Puis il se rappela que tout était redevenu normal à Poudlard, et donc qu’en conséquent, les bonnes vieilles règles étaient à nouveau de vigueur. Du style, tout élève se rendant dans la forêt interdite sera expulsé. C’était là d’ailleurs toute l’importance de ne pas se faire choper. Sauf que là, ce type venait de l’aider, et donc venait de le prendre en flagrant délit. Le visage de Jay se décomposa alors qu’il s’en rendait compte à retardement. Merde, c’était qui ce type ? Quand même pas un prof ? Non, il ne lui disait rien. Et puis il n’en avait pas trop la tête, il avait plutôt celle d’un ex-taulard. Oh merde, c’était peut-être un des mangemorts qu’on forçait à rester dans le château ? Ouais, non, il l’aurait probablement laissé crever la bouche ouverte si ça avait été le cas. Alors quoi, un surveillant, un Résistant de passage ? Peu importe, il fallait qu’il se défende immédiatement et qu’il trouve de quoi justifier sa présence ici sans qu’il n’en soit référé à Dumbledore.
« Alors je vous explique. En fait je suis somnambule, c’est de notoriété publique dans cette école. Du coup ça m’arrive comme ça, je fais des choses bizarres, je me balade. Une fois j’ai essayé d’entrer dans le bureau de Dumbledore, je me tapais la tête contre la statue de la gargouille et on m’a trouvé comme ça, vous imaginez la honte. Une fois je me suis réveillé dans le lac aussi, j’ai failli me noyer comme un con. Ce n’est pas de ma faute. Visiblement ce soir mon subconscient avait envie d’une petite balade en forêt. Voilà voilà. »
Il tapa dans ses mains, comme pour marquer la fin d’une entrevue sympathique.
« Bon ben je vais y aller. Merci encore, hein. Je ne sais pas ce que c’était mais vous m’avez sorti d’un sacré mauvais pas. Vous sauriez peut-être m’indiquer la direction du château, par hasard ? Non pas que je sois perdu bien sûr… »
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Mar 6 Mar - 0:30
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