Le temps semble souvent s'arrêter sur des choses anodines et filer, lorsque l'on aimerait qu'il se mette en pause. Depuis quelques mois maintenant, c'est la routine de la vie de Doyle. Il a encore bien du mal à réaliser que tout son monde est en train de changer et qu'il y a de grandes chances – ou de grands risques – pour que son existence en soit marquée à jamais. Si ce n'était que cette guerre qui oppose tous les camps, les uns aux autres, sûrement qu'il pourrait parvenir à s'en sortir. Mais en plus d'avoir à faire attention à chacun, le loup-garou est toujours poursuivi par la meute qui veut sa peau. Le seul point positif à toute cette histoire, c'est qu'ils ne connaissent pas l'existence de Zakaria et que Wolfgang est à l'abri à Poudlard. Maigre satisfaction, mais au moins, ses gamins ne sont pas en danger. Il n'y a que lui qui risque sa peau, à chacune de ses sorties, qu'importe l'endroit. Qu'importe qui à la main mise sur l'endroit en question, c'est du pareil au même. Cette fois-ci, jusqu'en Écosse, il avait été traqué. Chose très peu rassurante, sachant que Pré-au-Lard n'est pas bien loin et que les gamins n'ont pas Dumbeldore derrière les fesses à chacune de leurs sorties dans le village Sorcier. Si Doyle sait bien se défendre, cette fois-ci, il a été obligé de battre en retraite. Seul face à une meute entière, il n'a pas vraiment les bonnes armes en main pour s'en débarrasser. Alors, le seul endroit qui lui semblait approprié pour prendre la fuite, c'était la maison que Madalina Funestar partage avec son amie, Arabella Macpherson.

Le loup-garou n'avait pas pris le temps de frapper à la porte, comme le veulent les bonnes manières. Il était parvenu à semer l'ennemi non sans mal, ce n'était pas pour faire le pied de grue sur le pas de la maison. Baguette en main, il avait déverrouillé l'entrée, pour se cacher à l'intérieur. Une fois la porte close, il s'autorisa un soupire de soulagement. L'endroit semblait désert, aucune des deux blondes à l'horizon. Il n'était pas bien à l'aise à l'idée de rester ici, alors que les habitantes ne s'y trouvent pas. Mais c'était un cas de force majeur, d'autant qu'il devait trouver de quoi se soigner un minimum, avant d'envisager de s'en aller. Avant toute chose, Doyle s'assura que personne ne venait en direction de la maison, regardant discrètement par l'une des fenêtres. On dirait bien qu'il était parvenu à les semer pour de bon cette fois-ci, jusqu'au prochain coup. Il partit en direction de l'étage, pour trouver de quoi se charcuter quelque peu. Il ignore de quelle magie ces idiots ont usé à son égard, mais il jurait qu'un truc est coincé dans la plaie. Le matériel en main, le loup-garou ne pouvait pas commencer sans un petit remontant, pour lui donner un peu plus de courage quand il aura l'impression de se déchiqueter de l'intérieur. Il redescendit vite fait à l'étage, trouvant rapidement le bar et attrapant la première bouteille de whisky qui s'y trouvait rangée. Une bonne gorgée pour l'aider à commencer. Il retira son blouson, ainsi que son tee-shirt en étouffant une plainte de douleur. Puis, devant le miroir, se mettant de côté, il essayait désespérément d'atteindre la plaie de l'autre côté de son épaule, en haut de son dos. Ce n'était déjà pas facile de se charcuter soi-même, mais lorsque la blessure est si difficile d'accès, ce n'est pas une partie de plaisir. Il avait l'air malin dans cette situation désespérée. Mais si sa respiration se bloqua pratiquement d'un seul coup, c'est lorsque la porte d'entrée s'ouvrit relativement vite. L'espace d'un court moment, il pensa que la meute l'avait retrouvé. Sa baguette n'étant même pas à portée de main, il vit pratiquement sa dernière heure arriver. Mais heureusement pour lui, espérons-le, c'est une chevelure blonde qu'il vit enfin entrer dans la maison. Relativisant aussitôt, Doyle devait avoir pris un sacré coup de blanc avant que le regard de Madalina se pose sur lui.

« Help. »

Dit-il tout penaud, alors que seul, il était conscient de ne jamais parvenir à se soigner. Il lui devait quelques explications, alors autant y aller tout de suite, plutôt que d'attendre que la jeune femme pose des questions. Il déposa ce qu'il avait dans les mains, sur le bord de la hotte de la cheminée et se retourna complètement vers elle.

« Je vais tout t'expliquer. Je n'ai pas eu le choix de venir ici, j''ai pas mal de problèmes et c'était le seul moyen de rester en vie. Je t'assure que mes ennemis n'ont pas remarqué que je rentrais chez toi et tu n'auras donc pas de problème avec eux. De toute façon, ils ne veulent la peau de personne d'autre que la mienne et celle de Wolfgang. Aucun autre loup-garou ne les intéresse. »

Du bout du doigt, il montra les objets précédemment déposés sur le bord de la cheminée.

« Je me suis permis de fouiller à l'étage pour trouver de quoi me rafistoler un peu. Et je t'ai emprunté une bouteille de whisky, parce que c'est un bon désinfectant. »

La deuxième partie de ses paroles, c'était un gros mensonge. Il comptait bien la siffler cette bouteille, mais connaissant bien Madalina, elle l'aurait engueulé. Vaut mieux avoir la meute irlandaise au cul, plutôt qu'une Madalina en colère dans la même pièce que lui.