Like before

Les deux premiers mois officiels de cours ont défilé plus vite qu'il ne l'aurait imaginé. Il y a de cela quelques semaines, Nikolaï avait croisé son père en sortant de Poudlard. Il savait que depuis qu'ils sont dans le même camp, c'était impossible de l'éviter, mais il ne s'était pas imaginé que leurs chemins se seraient croisés aussi vite. Depuis le temps qu'ils ne s'étaient pas vus, le fils ne sut comment réagir, ni même que dire à Harfang. C'est ce dernier qui entreprit d'ouvrir le dialogue et sur la fin, il l'invita à rentrer à la maison pour les prochaines vacances. Bien que dans l'incompréhension du moment et par crainte d'une réaction négative de la part de son père, Nikolaï s'était empressé d'accepter l'invitation, sans même un seul clignement de paupière. Après tout, Harfang restait son père, malgré tout ce qu'il s'est passé entre eux. Et plus que jamais, le cadet des trois frères ressentait le besoin d'avoir quelqu'un qui puisse l'aider dans ses prises de décision. Qui de mieux que l'homme qui le connaît sur le bout des doigts ?

Il était donc rentré au bercail, dans son pays natal, bien qu'il sache que la première soirée, il serait entièrement seul, ou presque. A Durmstrang, les vacances n'ont lieu que le lendemain. Au lieu de partir le soir comme à Poudlard, ils s'en vont le matin du jour d'après, les voyages de nuit étant plus pénibles dans ce coin du monde quand le froid domine tout en maître. Mais ce n'était pas ce qui avait posé problème à Nikolaï, dont le regard se posait déjà sur ses souvenirs de gamin. Il avait donc demandé à Hengist de le rejoindre et même si leur famille n'était pas la plus aimante qu'il soit, son frère avait répondu à l'appel, posant bagages quelques instants après lui.

« Tu crois qu'il va venir ? Anton, tu crois qu'il va accepter de revenir ici, même pour quelques jours ? »

Ce manoir avait une double histoire. La première dût à leur père, la seconde en parallèle à cause de leur mère. Nikolaï était bien placé pour savoir tout ce qu'il s'était déroulé dans cette bâtisse, triste témoin de bien trop de choses pour le jeune âge qu'il avait. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le tortionnaire n'avait en rien été Harfang. Au contraire, lorsqu'il demeurait dans les lieux, le Sorcier s'occupait toujours des trois gamins autant qu'il le  pouvait. Certes, il mettait un point d'honneur à les entraîner lui-même, pour en faire de grands sorciers, mais il n'avait rien d'un bourreau. Peut-être que trop peu démonstratif, voilà l'un des seuls reproches qui pourraient lui être fait. Cependant, une fois qu'il s'en allait pour Durmstrang, c'était là que l'enfer commençait, notamment pour le second né de la fratrie. Nikolaï n'a jamais été en mesure de comprendre pourquoi leur mère haïssait autant Anton. Elle se montrait violente avec lui et plusieurs fois, le dernier des petits Munter avait craint pour la vie de son frère. Le tout dans le plus grand des secrets, parce qu'aucun des trois enfants n'a eu l'audace de tout dévoiler au chef de famille. Hengist et Nikolaï l'auraient bien fait, mais à plusieurs reprises, leur mère les avait prévenu que s'ils l'ouvraient, elle abandonnerait Anton, ou pire. Petit bonhomme du haut de ses quelques années, le loup-garou sentait qu'elle ne plaisantait pas et qu'elle en aurait été parfaitement capable. Il ne compte d'ailleurs plus les fois où lui et Hengist sont parvenus à distraire la Sorcière, afin que le pauvre Anton puisse s'enfuir.

Le regard de Nikolaï s'était posé sur la cheminée, dont un reste de feu fumait encore. Les souvenirs plein la tête, pour la plupart très malheureux, il finit par se détacher de ses trop sombres pensées, afin de fixer Hengist.

« Tu crois que ça aurait été autrement, si on avait parlé ? »

Quelque part, Nikolaï espérait juste se rassurer sur le fait qu'ils aient pris la bonne décision, de ne rien dire à Harfang. Enfin, de ne quasiment rien dire, puisque la vérité avait fini par éclater, il y a de cela quelques années. Étrangement, quelques jours avant que la mère de famille ne tombe grièvement malade. Le dernier de la fratrie reste persuadé que son père l'a empoisonné, pour venger Anton. Une façon bien subtile de se débarrasser d'une personne dans d'atroces souffrances, sans être tenu pour responsable. Avec son métier, il ne pouvait agir autrement, sous risque de perdre la direction de son école.

« Bon, on devrait profiter de l'absence de papa, pour décorer la maison pour Halloween. Au moins, ça sera fait et il ne pourra pas s'interposer. Sinon, tu as quelque chose de prévu pour le restant des vacances toi ? »

Nikolaï n'avait pas forcément envie de rester à rien faire durant les deux semaines de congés scolaires. La prochaine période de tranquillité, n'aura pas lieu avant fin Décembre. Mais il savait aussi que son frère est en stage actuellement, et qu'il ne bénéficiait pas des mêmes périodes de repos que les élèves de l'école. Le pire, c'est qu'il en va certainement de même pour son autre frangin.