Dans la brousse Écossaise, William faisait juste acte de présence, histoire qu'on ne dise pas qu'il est passé à l'ennemi. De toute façon, de tous ses collègues, aucun n'a confiance en lui. C'est de bonne guerre, puisqu'il ne les supporte pas non plus. Et son passé de criminel ne peut pas donner une bonne opinion de sa petite personne, aux yeux des autres membres du MACUSA dont c'est la vocation de défendre le monde contre les forces du mal. Lui, il n'a pas franchement eu le choix jusqu'à maintenant. Puis, le fait que les deux gosses de Bryan viennent le rejoindre, ne l'a pas vraiment aidé à mettre les voiles. Contraint de négocier pour qu'ils soient repris à Poudlard. Ce n'est pas de gaîté de cœur, disons qu'il ne voulait surtout pas les avoir dans les pattes vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il a donné pendant deux mois l'été dernière. Il lui faut au moins deux ans pour s'en remettre. Loin d'avoir attrapé la fibre paternelle, c'était un véritable enfer que de les supporter. En parlant de paternité, il lui fallait encore retrouver la trace d'Alrik, son fils biologique qu'il n'a toujours pas eu l'occasion de rencontrer. Ce gamin est un véritable courant d'air, comme son père. A cette simple pensée, une once de fierté venant du plus profond de ses entrailles l'en fit presque sourire. S'il dit l'inverse, s'occuper des gamins de Bryan Levinson lui a bien donné la désagréable impression qu'il lui manquait quelque chose dans sa vie. Un héritier digne de ce nom. Alors quand il a appris pour son fils, il a tout fait pour le retrouver. Il serait même prêt à tout pour parvenir à le maintenir en vie. Même à trahir le camp auquel il est relié à contrecœur. Il était loin de se douter qu'il allait devoir prouver le fond de sa pensée, en cet instant, alors qu'un groupe de Résistants commençaient à courir dans une direction. William parvient à en arrêter un, curieux de savoir où ils courraient tous comme ça.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? »

L'homme d'une cinquantaine d'années l'informa de la présence d'un jeune Mangemort dans le coin. Mais si, tout d'abord, William allait continuer dans sa direction initiale, quand il entendit l'un des Résistants dire qu'il s'agissait de Selwyn, il s'arrêta aussitôt. La famille Selwyn ne doit pas avoir un seul membre, mais si justement il s'agissait d'Alrik ? Pour en avoir le cœur net, l'agent secret transplana, tentant de dépasser tous les autres pour arriver le premier à l'endroit prévu. Peut-être avait-il sous-estimé les sorciers de la Résistance, plusieurs d'entre eux entourant déjà le gamin au sol. Il s'approcha, sortant sa baguette. Le Mangemort se trouvait au sol et en un coup d’œil, il reconnut le type de la photo. Celui qui a son sang dans les veines. C'était lui ou eux. C'était son fils ou sa couverture. Le choix ne fut pas difficile à faire. Pour une fois, il mit son côté égoïste en sourdine et braqua sa baguette sur ceux qui sont censés être ses collègues.

« Vous feriez bien de vous écarter de lui. »

Sa voix claquait comme un ordre et si certains l'observaient sans comprendre ce qu'il se passait, ni même où il voulait en venir, d'autres n'étaient pas prêts d'obéir et de laisser un Mangemort filer. Il le sait très bien qu'au cœur de ce groupe, il n'y a pas que de bons samaritains et que beaucoup d'entre eux n'hésiteront pas à tuer un mage noir, juste pour donner l'exemple. Le hic, c'est que William refuse catégoriquement que son fils soit cet exemple. Alors quand il sentit que les choses allaient tourner au vinaigre, n'ayant pas envie de risquer la vie du gamin avec un échange de sortilèges, il dupa tout le monde et électrocuta l'assemblé, excepté le jeune homme. Il n'a pas le but caché de massacrer son propre enfant, qu'il attrapa déjà par un bras pour le relever et transplaner avec lui. Leur destination était bien sûr l'appartement de Steward. Une fois arrivée en bas de l'immeuble, il se mit à soutenir son fils pour qu'il puisse marcher, passant son bras dans son dos pour venir l'agripper par la ceinture du pantalon. Il le traîna de cette façon jusque dans son appartement, lâchant le jeune homme sur le canapé et disparaissant quelques instants dans la pièce voisine. A son retour, William s'approcha de lui, relevant le tee-shirt d'Alrik et posant un compresse imbibée d'une potion qui commença à fumer à peine en contact avec la peau du Mangemort.

« Fais pas l'enfant tu veux, laisse-toi faire. »

Il est bien placé pour savoir que ça fait mal, mais au moins ça désinfecte et aide à cicatriser. Ils n'ont vraiment pas le temps de choisir une autre option.

« Garde ta main là-dessus et appuie. »

Sachant que l'immeuble est en partie habité par des membres du MACUSA en toute discrétion, pour être au cœur du territoire appartenant aux Mangemorts, William avait l'intime conviction que son appartement allait bientôt être pris d'assaut par ses très chers collègues. Il ne comptait pas les attendre bien gentiment et préféra faire un petit déménagement expresse, en ensorcelant tous les objets et affaires présentes dans le logement, pour qu'ils se rangent dans un sac de voyage magique.

« On ne peut pas rester là. Tu as un endroit où aller ? Une maison, un pote ? »

S'il pouvait se débrouiller tout seul, il ne voulait pas laisser son propre fils à la rue et préférait le savoir en lieu sûr. Au pire, si aucune autre solution ne s'offrait à lui, il demanderait à Bryan de lui renvoyer l'ascenseur en gardant son garçon avec lui, le temps qu'il soit remis sur pieds. Il lui doit bien ça. Il lui a collé deux gamins pendant deux ans. William lui demanderait juste de garder un seul jeune adulte pendant quelques jours.