Dans son fauteuil, la petite Sorcière ne tenait plus en place. Elle avait mal au dos, au derrière, ne trouvait pas de position confortable et ne cessait de soupirer en se retournant dans tous les sens. Leur petit budget ne leur avait pas permis de voyager en première classe et les longues heures de vol, commençaient à se faire ressentir, ainsi que la faim. Sören semblait moins ennuyé par la situation que sa sœur. Il dormait même tranquillement, la tête contre contre la fenêtre. A maintes et maintes reprises, l'adolescente s'était demandée comment il pouvait réussir à trouver le sommeil alors qu'ils sont dans une histoire super délicate. C'était loin d'être l'endroit parfait et la situation restait quand même critique, de son point de vue. Malgré la fatigue, elle n'était pas capable de fermer l’œil. Son cerveau s'amusait à ses dépends, se faisant des films, choisissant les acteurs, écrivant de nombreux scénarios, tous mis en scène. Tous plus horrible que le précédent.
L'avion venait enfin d'atterrir et pour réveiller son frère, Snejana lui colla un coup de coude dans les côtes. L'adolescente lui en voulait de l'avoir entraînée ainsi, dans une nouvelle bêtise. Il l'a protégé, comme le ferait sans doute tout frère qui se respecte, mais ce qu'elle lui reprochait, c'est de l'avoir forcé à partir aussi vite. Elle n'a pas eu le temps d'emporter des affaires, ne possédant plus que ce qu'elle porte actuellement sur le dos.
« Sören, on est arrivé et je continue de penser que c'est une très mauvaise idée. La ville a l'air si grande, qu'on arrivera pas à le trouver. »
Le but de leur arrivée à l'aéroport de Londres City, c'était de rejoindre William Steward, l'homme qui s'occupe d'eux depuis maintenant deux ans. Mais Snejana savait très bien que cela serait plus que difficile. Et s'ils venaient par lui mettre la main dessus, ils vont passer un très mauvais quart d'heure, lorsqu'il apprendra ce qu'il s'est passé à Ilvermorny. Sauf qu'il était bien trop tard pour faire marche arrière maintenant sur le sol Anglais. La jeune adolescente était la première du duo Levinson, a descendre les escaliers du gros Boeing. Elle n'était pas mécontente de mettre enfin pied à terre. Le vol avait été si long, qu'elle n'en pouvait plus d'être enfermée dans cet engin moldu.
« J'ai faim, ça fait bien deux jours que je n'ai rien avalé. »
A l'intérieur de l'aéroport, frère et sœur évitaient de trop se faire repérer, craignant que les Aurors du coin soient déjà au courant de leur fuite du territoire Américain. Mais les boutiques tapaient dans l’œil de la jeune fille. Elle mourrait d'envie de s'y promener. La torture fut à son comble, lorsqu'une bonne odeur de gaufre chaude était venue jusqu'à elle. Aussitôt, son estomac émit un bruit peu gracieux et elle déposa ses bras dessus, de façon à le faire taire. Chose qui ne sert strictement à rien et Snejana le sait très bien.
« J'ai vraiment trop faim Sören. Il faut que je mange quelque chose. »
Puisque c'était lui qui les avait mis dans une telle situation, c'était aussi à lui de les tirer de là. Mais sortant de l'aéroport, la petite Levinson commençait à marmonner entre ses dents, tout un tas de reproches à son frère, qui ne semblait pas lui prêter une seule once d'attention. Il fallait vraiment qu'il ait ce comportement qu'elle déteste tant, à ce moment même ? Traînant des pieds, elle montrait bien qu'elle n'était pas contente. Si seulement ils avaient eu le temps d'emporter un peu de nourriture avant de s'enfuir. Il leur fallait absolument trouver William, parce qu'ici, le Dollar n'est pas accepté dans les boutiques moldues et ils ne pourront s'offrir de quoi se remplir l'estomac.
« C'est stupide, il ne sait pas qu'on le cherche et on ne sait pas où il habite. Je n'aurais jamais dû te suivre. »
A cet instant, Snejana devait passer pour une petite fille capricieuse et vraiment pénible. Ce qu'elle n'est habituellement pas, quoique... Mais elle savait bien que quelque chose clocherait. Quand bien même il leur reste quelques Gallions, ils ne pourront les dépenser que sur le Chemin de Traverse. Le problème c'est qu'ils seront livrés à eux-même, là où se trouvent beaucoup de Sorciers et que trop de Mangemorts. C'est prendre un énorme risque, mais si jamais ils n'ont pas le choix, il faudra bien qu'ils y fassent un petit saut. Elle n'a pas pour ambition de mourir de faim, au milieu des rues de Londres.
« Et voilà qu'il pleut. Magnifique, il ne manquait vraiment plus que ça. Mais c'est vrai que de ce côté du monde, c'est avoir du soleil qui serait étonnant. »
La météo n'était pas du ressort de Sören, mais puisqu'il l'ignore, autant l'énerver jusqu'à ce qu'il arrête de faire comme si elle n'était pas là, à se geler les miches, trempée jusqu'aux os et affamée.
Mauvais idée ou non, le duo de frère et sœur était arrivé sur le sol Anglais. Le voyage fut long, mais Sören était parvenu à fermer l’œil à plusieurs reprises, contrairement à sa petite sœur. La plupart du temps, il avait simplement fait semblant de dormir, pour ne pas avoir à faire la conversation à Snejana. Quand elle est stressée, elle parvient à stresser le monde entier. Il a déjà bien des choses en tête, sans en rajouter un peu plus. Sa vie est en danger, tout du moins sa liberté, contrairement à sa cadette qui risque seulement d'être confiée à un orphelinat, le temps des vacances d'été, jusqu'à sa majorité. Ce n'est pas tellement le même registre quand on sait que son frère risque l'emprisonnement jusqu'à la fin de ses jours. S'ils ne sont pas tués ou victimes de maladie, les Sorciers peuvent vivre très longtemps. Si le petit Levinson ne le montre pas, il n'en est pas moins inquiet pour son avenir. Mais il n'est pas prêt de l'avouer.
C'est un coup de coude dans les côtes qui lui fit ouvrir les yeux. Réalisant que l'avion était posé et ne réagissant pas à l'attaque verbale de sa cadette, il se contenta de se lever de son fauteuil et d'attraper le sac avec le peu d'affaires qu'il avait eu le temps de prendre. C'est-à-dire, vraiment pas grand chose. Le strict minimum, soit trois fois rien et certainement pas de nourriture. Il marchait aux côtés de Snejana sans rien dire, regardant simplement autour de lui. C'était la première fois qu'il venait dans ce pays, il le savait, pourtant ce n'était pas ce que William lui avait dit. D'après ce dernier, les enfants Levinson ont vu le jour ici, à Londres. Ils ont également grandi dans une village au centre de la ville. Pourtant, Sören n'en garde aucun souvenir. Peut-être trop jeune à l'époque, mais il est frustré de ne même pas avoir rien le bride d'un souvenir ou juste une impression de déjà vue. Pas même le son d'une voix. Pas même le visage de ses parents. Alors quand sa cadette lui en voulait de ne rien avoir avalée, le garçon du duo préféra ne pas répondre. Il n'avait pas la tête à rester diplomate et ça risquerait de partir en vrille. Tout ce qu'il a fait jusqu'à présent, c'était pour elle. Il s'est battu avec ce crétin, pour elle. Il s'est attiré un paquet d'emmerdes pour elle. Alors elle ne va pas le gonfler éternellement avec son estomac. Il trouvera bien un moyen de la nourrir. Il a toujours su se débrouiller, qu'importe la situation dans laquelle il s'est trouvé. Lui, tout ce qu'il voulait, c'était sortir au plus vite de l'aéroport, à cause des gens qui les regardaient étrangement. Deux mineurs qui prennent l'avion, ça ne passe pas inaperçu. De plus, ils doivent se servir de la magie en tout dernier recourt, parce qu'ici, comme sur le continent Américain, le moindre sort sortant d'une baguette qui appartient à une personne mineur, est aussitôt repéré par le Ministère de la Magie. Ils ne doivent pas attirer l'attention des Aurors à peine arrivés au pays. Mais même dans la rue, Snejana continuait à se plaindre. Et Sören commençait à ne plus pouvoir la supporter. A deux doigts même de la laisser sur place, comme une imbécile et se casser de son côté. De toute façon, qui lui en voudrait ? A bien réfléchir, rien ne l'oblige à s'occuper d'elle. Ils n'ont même pas de parents pour lui rentrer dans la gueule, si jamais il la laissait toute seule. Faisant volt-face, le frère se tenait devant sa sœur, plongeant son regard dans le sien.
« Non mais sérieusement ? Maintenant, je suis aussi responsable de la météo ? Tu te fous de ma gueule ma parole. Après tout ce que j'ai fait pour toi, tu me gonfles parce que t'as loupé un repas ou deux ? Tu crois que j'ai pas faim moi. Mais tout ça, c'est pour toi que je l'ai fait. Si tu te secouais un peu et que tu remettais les gens en place, personne ne te ferait chier et je ne serais pas obligé d'intervenir pour prendre ta défense. Tu n'es même pas fichue de te défendre toute seule. Sans moi, tu n'es absolument rien du tout. Et tu sais quoi ? Rien ne m'oblige à te traîner avec moi comme un boulet. Maman est morte et papa nous a abandonné. Je ne dois rien à personne. Je ne te dois rien à toi non plus. Alors soit tu bouges ton cul et t'arrête de te plaindre toutes les deux minutes, soit tu te casses, je ne te retiens pas. »
Il fallait s'attendre qu'à un moment ou à un autre, il perde patience. Avec tout ce qu'il lui tombe dessus à présent, il ne pouvait pas tout garder pour lui. Il ne pouvait pas non plus, parvenir à encaisser les accusations et les plaintes incessantes de sa petite sœur. C'est certain qu'il s'est montré dur dans ses paroles, mais ce n'est que justice après tout. Qu'est-ce qu'il aurait dû faire ? La laisser se faire embêter constamment par l'autre débile et fermer les yeux ? Il l'a défendu alors que rien ne l'obligeait à le faire, pas même les liens du sang, puisque ils n'ont plus de famille depuis bien longtemps. En ont-ils seulement eu une un jour ? Sören n'en est même pas sûr. Tout ce qu'il sait des Levinson, c'est ce que William a bien voulu leur dire. Mais il ne garde aucun souvenir, ni de sa mère, ni même de son père. Alors pourquoi le croire sur parole ? Il n'en a plus le courage à présent. Tout comme, il n'a plus le courage d'encaisser les reproches sans rien dire. Lui non plus, ne savait même pas où il allait comme ça. Londres n'est pas une petite ville, au contraire, c'est bien trop grand pour deux adolescents. Il voulait espérer tomber sur William par pur hasard, mais ça serait bien trop demandé au destin. Ils allaient devoir faire preuve de patience, encore. Malgré le fait que le jeune Levinson ait, sur lui, l'adresse de son tuteur. Ici, c'est l'inconnu, il n'a pas le plan de Londres dans la tête.
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Ven 8 Juin - 13:30