La vie est trop courte pour la gâcher en oubliant simplement de vivre. Il ne s'agit pas de faire des trucs de fou, mais seulement de ne pas se priver. L'argent, personne ne l'emportera dans la tombe, tout comme la baguette ou encore cette réserve qui colle un peu trop souvent à la peau. Sidney s'est toujours sentie accablée par une retenue dont elle peut se défaire. Lutter contre est difficile, elle n'est jamais vraiment parvenue à passer outre. Et maintenant qu'elle est un enfant de la lune, les autres gamins ont tendance à la fuir, exception faite de ceux qui connaissent eux-mêmes des loups-garons. Qu'ils soient dans leurs familles, leurs amis ou simplement des connaissances. Leur condition est parvenue à les rapprocher de façon bancale, mais tout de même. C'est toujours mieux que rien. Depuis qu'elle est ainsi, la vie de Sidney semble être un peu moins pénible, elle a même un petit ami et depuis peu, elle a retrouvé Snejana, qu'elle pensait morte, à l'instar de tous leurs camarades.

Assise dans l'herbe, son regard plongeait dans l'eau du lac. C'était trouble, on y voyait pas même le fond, mais c'était si reposant. Comme cela, Sidney avait l'impression de pouvoir rester des heures, sans trop penser à tous les sombres épisodes de son existence. Dans le fond, elle ne craignait plus vraiment l'opinion des autres à son sujet. Préférant ainsi fermer les yeux ou ne pas trop réfléchir à ce qu'il se dit sur son dos. Un monstre, un animal sauvage, si c'est pour qu'elle se retrouve blessée autant jouer la politique de l'autruche. Tôt ou tard, l'adolescente sera contrainte d'ouvrir les yeux, mais elle préférait que ce jour arrive lorsqu'il sera venu le temps de quitter Poudlard. Ce château qui a eu tant d'étiquettes ces dernières années. Zoo pour jeunes adolescents livrés à eux-même, maison de l'horreur avec l'attaque des Mangemorts, prison pour loups-garous avec l'arrivée d'Hikkins au pouvoir, maison de l'horreur deux le retour avec les Mangemorts à nouveau dans les murs et maintenant ? Elle ne saurait vraiment dire ce qu'il en est. Elle se contente d'avancer, de toute façon elle n'a pas d'autres choix.

Son esprit était trop perdu dans l'eau pour revenir à l'instant présent. C'est un éternuement qui finit par la ramener. Il ne faisait pas bien beau, c'est vrai. Le mois d'octobre était déjà bien entamé, bientôt la première période de vacances scolaires aurait lieu. Les enfants l'attendaient avec impatience, ayant été privés des congés d'été. Alors beaucoup, comme Sidney, profitaient de quelques minutes de repos, pour pouvoir prendre l'air. La louve de Serdaigle tourna la tête vers une de ses camarades, qui se trouvait non loin d'elle, mais avec cet air tout aussi perdu. Réticente à engager la conversation, elle finit tout de même par se faire violence et se releva, pour faire quelques pas en direction de l'autre élève de Serdaigle, à côté de qui elle prit place.

« Salut Raven. C'est bien calme aujourd'hui, tu ne trouves pas ? »

Elle ne voulait pas se montrer intrusive en lui demandant ce qui n'allait pas, car ça se voyait très bien que quelque chose clochait. Puis, bien qu'elle n'y fasse pas vraiment attention, Sidney a tout de même entendu les bruits de couloir au sujet de la récente bagarre chez les élèves de Serpentard. Il paraît que Gregory et Sören ont fini tous les deux à l'infirmerie, dans un bien triste état. De plus, l'élément commun aux deux garçons, serait apparemment Raven. Dans le fond, ça ne regardait pas la jeune Newton, qui a longtemps subi les critiques de certains Serdaigle, pour s'être liée intimement à Wolfgang Taylor, un des loups-garous des cachots. Mais Raven était l'une des rares filles de son dortoir, à n'avoir jamais rien dit à ce sujet.

« Les garçons sont des créatures étranges. Ils ne réagissent et ne réfléchissent pas de la même façon que nous. Je me suis souvent retrouvée ici, à tenter de comprendre, mais j'en suis venue par me dire que ça n'arrivera jamais, tout comme nous sommes visiblement trop compliquées pour eux également. »